Monsieur le ministre, depuis le début du quinquennat, vous ne cessez de chanter les louanges de l'apprentissage. De fait, avec la loi prétendant donner la liberté de choisir son avenir professionnel, vous l'avez encore dérégulé et rapproché des exigences des entreprises.
Bref, vous avez choisi cette modalité de formation au détriment du cursus scolaire. Résultat : entre 2017 et 2019, le nombre d'apprentis a augmenté de 2 000, c'est-à-dire de 5,4 %. Pendant la même période, les filières professionnelles ont perdu quelque 10 000 élèves et trente-quatre lycées professionnels ont été fermés. Par ailleurs, des UFA – unités de formation d'apprentis – ont été installés dans les lycées, afin de réunir dans les mêmes classes apprentis et lycéens.
On peine à comprendre votre choix, au vu des résultats. En 2019, le taux d'accès au diplôme du CAP, le certificat d'aptitude professionnelle, était de 58,6 % pour les apprentis, contre 72,9 % pour les élèves suivant la voie scolaire – cela fait quatorze points d'écart. Pour 2021, treize points de différence sont encore prévus.
Pour le taux d'accès au baccalauréat, c'est encore pire : il est de 67,6 % pour ceux qui suivent la voie scolaire professionnelle mais de 41,4 % pour les apprentis ; cela fait 26 points d'écart.
Pourquoi préférez-vous donc l'apprentissage ? On peut avancer une hypothèse : les apprentis constituent une vaste réserve de main-d'œuvre bon marché pour les entreprises. Un jeune de 16 ans gagne 27 % du SMIC, entièrement à la charge de l'État ; un jeune de 21 à 25 ans, 57 % du SMIC. Vous semblez ainsi faire un gigantesque cadeau aux patrons aux dépens de la formation et de l'avenir professionnel des jeunes. Vous avez prétendu faire de la voie professionnelle une voie d'excellence, mais, au vu de ces résultats, croyez-vous sérieusement que vous en prenez le chemin ?