Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du lundi 25 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Mission enseignement scolaire (état b)

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports :

Par respect pour les députés, je me dois d'apporter une réponse sur certains points. Tout d'abord, concernant l'enseignement privé, je comprends la question – légitime, comme toutes les autres – qui a été posée. La réponse est très technique et je souhaite qu'elle soit entendue, pour que l'on comprenne une fois pour toutes qu'il n'y a aucune volonté de ma part de donner plus de moyens à l'enseignement privé.

Tout d'abord, le versement au régime de retraite du secteur privé avait été exceptionnellement réduit de 40 millions d'euros en 2021, afin d'en ajuster la trésorerie, pour revenir au montant habituel de financement de ce régime de retraite en 2022, ce qui constitue donc une hausse purement technique sur les dépenses du titre II.

Deuxièmement, en 2022, les augmentations de masse salariale font suite à des revalorisations indemnitaires liées au Grenelle de l'éducation. Or, dans le secteur privé, les cotisations patronales sont supérieures à celles qui ont cours dans le secteur public, soit un taux égal à 36 % du salaire brut dans le privé, contre 5 % dans le public. L'augmentation est donc également technique et ne change rien pour les personnels, qui, dans le secteur privé, se plaignent d'ailleurs d'une moindre rémunération lorsqu'ils sont contractuels.

Troisièmement, la structure des effectifs est différente dans le privé, qui comporte davantage de personnes jeunes, ce qui implique que la prime d'attractivité y bénéficie proportionnellement à plus de gens.

Déduction faite de ces trois facteurs, l'augmentation s'élève à 2,3 %, et correspond à l'évolution moyenne dans les secteurs privé et public. S'il y a eu des évolutions automatiques – je vous fournirai à cet égard tous les éléments que vous souhaitez –, il n'y a aucun choix de financer davantage le secteur privé, mais je conçois que l'observation des chiffres puisse conduire à s'interroger.

Concernant les jeunes étudiants que nous souhaitons attirer dans la fonction professorale, votre objection me semble contredire les objectifs, quantitatif et qualitatif, que nous partageons : avoir plus de jeunes qui aient envie d'exercer la fonction de professeur, avec un bon niveau de réussite au concours – ce qui suppose de multiplier les voies d'accès qualitatives à la fonction de professeur. Nous l'avons fait lors de cette rentrée, en ouvrant des parcours préparatoires au professorat des écoles, accessibles dès la première année après le baccalauréat, pour former des jeunes bacheliers, d'un bon niveau et méritants, à l'exercice de cette profession. La préprofessionnalisation qui s'adresse aux assistants d'éducation est une mesure du même type, visant à accompagner, après le baccalauréat, des jeunes qui veulent devenir professeurs.

Sur ce même thème, vous avez ciblé les élèves sortis des grandes écoles. Diantre, est-ce si grave de sortir d'une grande école ? Faut-il vraiment, d'un point de vue qualitatif, reprocher à l'éducation nationale d'inciter les jeunes ayant des diplômes de qualité à devenir professeurs ? Certains d'entre eux passeront des concours et seront professeurs, prenant ainsi l'une des voies d'accès, extrêmement intéressante. Je doute, par exemple, que des parents d'élèves résidant dans une académie où il manque des professeurs de mathématiques se plaignent si on leur envoie un jeune diplômé d'une école d'ingénieurs, qui envisage de devenir professeur.

On nous reproche parfois de déréguler le système. C'est tout le contraire : nous menons une politique, tant quantitative que qualitative, destinée à recruter de jeunes professeurs, en agissant sur plusieurs leviers.

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