Être rapporteur pour avis des crédits relatifs au soutien et à la logistique interarmées, c'est examiner les moyens de ceux qui travaillent dans l'ombre, de ceux qui, par leur engagement sans faille, contribuent quotidiennement à l'efficacité opérationnelle des unités combattantes. Soutenir ces hommes, c'est également s'assurer de leur protection, de leur moral et donc de leur fidélisation, en rendant attractif le métier de militaire.
Dans le court laps de temps qui m'est imparti, je ne vais pas détailler l'ensemble des 10 milliards d'euros de crédits consacrés au soutien interarmées, mais me limiter au simple constat suivant : pour ce qui est d'améliorer les conditions de vie et de travail du personnel, la loi de programmation militaire porte ses fruits.
Cela se voit premièrement dans les investissements consentis en matière d'immobilier. Le plan « hébergement » a été salué par l'ensemble des acteurs que j'ai pu auditionner ; il témoigne d'une politique de construction et de rénovation ambitieuse. Dans le cadre de la politique de logement, CEGELOG, rebaptisé « Ambition logements », permettra pour les trente-cinq ans à venir une gestion efficace du parc domanial du ministère des armées, en intégrant la construction de 2 500 nouveaux logements et en menant à bien la rénovation énergétique du parc existant.
Ces investissements importants s'inscrivent dans la lignée du plan « famille » et de la LPM en cours, dite « à hauteur d'homme » ; ils contribuent directement à l'objectif crucial consistant à fidéliser le militaire. La réforme – également en cours – de la nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM), qui doit participer à la réalisation de cet objectif, est un sujet sensible. Après l'instauration d'une indemnité de mobilité géographique cette année, ce sont d'autres pans de la solde des militaires qui seront modifiés en 2022 et en 2023. L'effort de simplification visant cette solde est louable ; néanmoins, je me fais le relais de certaines préoccupations à ce sujet : déjà traumatisés par le logiciel unique à vocation interarmées de la solde, dit Louvois, les militaires, comme vous le savez certainement, madame la ministre, sont inquiets au sujet de cette réforme. Elle doit être conduite en s'assurant qu'il n'y ait pas de perdants et que personne ne voie sa solde diminuer.
En améliorant les conditions de vie et de rémunération de nos militaires, l'État témoigne de sa reconnaissance envers ceux dont le statut particulier prévoit notamment la pleine disponibilité. La singularité militaire des soldats français n'est pas négociable et ne doit pas être contestée par l'arrêt rendu par la Cour de justice de l'Union européenne, le 15 juillet dernier. Il faut le rappeler : l'article 4 du traité sur l'Union Européenne précise bien que la sécurité nationale est du seul ressort des États membres, et non de Bruxelles. Je salue ici les efforts faits par le Gouvernement sur ce dossier.
Je souhaite revenir rapidement sur le service de santé des armées, dont la participation à l'opération Résilience a montré l'expertise et la polyvalence. Je rappelle néanmoins qu'il s'agit là d'un service déjà sous-dimensionné par rapport aux missions principales qui lui sont confiées : ainsi, il ne devrait pas être sollicité pour des missions de service public, comme la vaccination des civils ; sinon, il risque à l'avenir de perdre en efficacité opérationnelle.