Intervention de Didier Le Gac

Séance en hémicycle du mardi 26 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Défense ; anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Le Gac, rapporteur pour avis de la commission de la défense nationale et des forces armées :

« Pour la France, par les mers, nous combattons. » Telle est la nouvelle devise de l'École navale ; elle nous a été dévoilée samedi dernier sur la base de Lanvéoc, près de Brest – nous y étions ensemble, madame la ministre. Jamais peut-être une devise n'a été autant d'actualité. En effet, si la mer est depuis toujours l'espace commun de toute l'humanité, nous avions quelque peu oublié ces dernières décennies qu'elle pouvait être aussi un lieu de conflictualité intense.

Elle est pourtant devenue le nouvel espace de toutes les compétitions, de toutes les contestations et de tous les affrontements. Nombreux sont les États qui s'affirment de manière croissante dans le monde maritime, au mépris des accords internationaux et d'alliances que l'on croyait solides. Concrètement, des puissances qui cultivent volontiers le rapport de force et la politique du fait accompli, comme la Chine ou, plus près de nous, la Turquie, renforcent de manière considérable leurs capacités navales.

Ces États poursuivent une stratégie de territorialisation et de militarisation de l'espace maritime ; ils cherchent à contrôler les ressources de ces espaces, à maîtriser leurs approches aéromaritimes et les points de passage stratégiques, voire à interdire l'accès de certaines zones, comme la mer de Chine méridionale. D'autres éléments géopolitiques nouveaux s'intègrent en outre dans ce contexte et influent sur notre marine. En effet, celle-ci est désormais déployée sur plusieurs théâtres d'opération à la fois : l'Afrique de l'ouest, le golfe arabo-persique, le Pacifique, l'Atlantique Nord et bien sûr la Méditerranée orientale et centrale.

Ces données doivent nous conduire à poursuivre la montée en puissance des moyens alloués à notre marine. Comme l'a rappelé, le 13 octobre dernier, le chef d'état-major de la marine nationale, l'amiral Vandier, devant la commission de la défense de notre assemblée, le combat naval entre puissances n'est plus à exclure et, s'il advenait, il ne se limiterait pas aux seuls et classiques milieux maritimes, littoraux ou hauturiers. Un tel combat engloberait désormais tous les domaines, depuis les fonds marins jusqu'au cyberespace.

Comme je l'ai dit devant les commissions des finances et de la défense lorsqu'elles ont examiné le PLF pour 2022, je me réjouis que, depuis l'adoption en 2018 de la LPM, notre pays accorde à sa marine, chaque année et à chaque budget, les moyens conformes à cette loi. Cela lui permet de continuer à disposer d'un outil naval cohérent pouvant agir en surface, sous la mer, dans les airs et de projeter, le cas échéant, ses moyens de défense vers la terre.

Notre marine, chers collègues, doit demeurer puissante pour mener à bien toutes ses missions, depuis le sauvetage en mer jusqu'à la dissuasion nucléaire. C'est pourquoi la modernisation et le renouveau des bâtiments de la marine, prévus dans le PLF pour 2022, sont particulièrement bienvenus ; ils impliquent notamment la livraison d'un deuxième sous-marin de type Barracuda, d'une huitième frégate multi-missions et du premier patrouilleur outre-mer, ou encore la commande des sept premières unités d'avions de surveillance et d'intervention maritime (AVSIMAR), dont une partie sera d'ailleurs basée en outre-mer.

Je ne terminerai pas sans rappeler que notre marine est également très impliquée dans la lutte contre certaines catastrophes provoquées par le dérèglement climatique, comme la montée des eaux ou les cyclones.

Enfin, l'Action de l'État en mer, l'AEM, qui couvre un vaste périmètre allant de la protection des intérêts nationaux jusqu'à la lutte contre les activités maritimes illicites, en passant par la sauvegarde des personnes et des biens en mer et la protection de l'environnement, est une action, elle aussi, en hausse. Le taux d'effort s'est ainsi intensifié dans ce domaine : près de 2 000 marins ont été engagés quotidiennement dans les missions de l'AEM cette année, contre 1 680 en 2017.

Je pense, notamment, à l'action de notre marine pour secourir des migrants. Samedi dernier encore, trente-neuf migrants – dont un bébé – ont été secourus par la marine nationale dans le Pas-de-Calais, au moment où leur embarcation faisait naufrage.

J'ai commencé mon intervention en évoquant la nouvelle devise de l'école navale : « Pour la France, par les mers, nous combattons. » L'engagement financier et humain défini dans la LPM de 2018 et traduit chaque année dans les crédits attribués à la marine nationale concrétise cette devise, afin que notre pays demeure la grande puissance navale, respectueuse du droit, à laquelle nous sommes tellement attachés.

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