Intervention de Christophe Lejeune

Séance en hémicycle du mardi 26 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Défense ; anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Lejeune, rapporteur pour avis de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Pour ce dernier budget de la législature, le rapporteur pour avis des crédits de l'équipement des forces et de la dissuasion ne peut qu'être satisfait. Avec plus de 17 milliards d'euros en autorisations d'engagement et 14,5 milliards d'euros en crédits de paiement, le budget proposé pour 2022, s'agissant des crédits du programme 146, c'est-à-dire les crédits d'armement, est bon.

Le programme se voit affecter plus de la moitié des nouvelles ressources allouées à la mission "Défense" . Celles-ci permettront de poursuivre le vaste plan de réarmement engagé depuis 2017, qui a vu le budget de la défense passer de 32,3 à près de 41 milliards d'euros, et celui du programme 146 de 10,05 à 14,5 milliards d'euros, soit une hausse de près de 45 % entre 2017 et 2022. Cet effort considérable était nécessaire car, en 2017, la France n'était plus suffisamment armée face à l'accélération des désordres du monde.

Je n'exposerai pas la liste de l'ensemble des commandes et livraisons intervenues depuis 2017 et attendues l'an prochain – mon rapport en fait largement état. Je souhaite plutôt me concentrer sur les défis qui se dressent devant nous. Car, comme vous l'avez dit, madame la ministre, n'oublions pas que rien n'est encore gagné et que nous n'en sommes qu'à la moitié du chemin.

Avec, jusqu'à présent, 1,7 milliard d'euros de plus chaque année, la LPM est respectée. Cela peut paraître normal, mais l'expérience des dernières années nous montre que cela n'a pas toujours été le cas. Les prochaines marches seront encore plus exigeantes, avec des hausses prévues de 3 milliards par an. Il ne faudra pas mollir ! J'estime qu'il nous faudra même accentuer nos efforts face à l'hypothèse d'un conflit de haute intensité et à la prolifération des menaces, notamment dans les nouveaux domaines de conflictualité.

Dans ce contexte, l'approfondissement de l'Europe de la défense est plus que jamais une nécessité. Je m'inquiète donc du refroidissement de notre coopération avec les Britanniques ainsi que des atermoiements parfois ressentis outre-Rhin sur d'autres programmes structurants, malgré les avancées du SCAF. En revanche, je me réjouis du renforcement de nos relations avec la Belgique, l'Espagne, l'Italie et bien sûr la Grèce, avec laquelle nous avons signé un partenariat stratégique. Les équilibres de la LPM s'appuient sur une coopération européenne robuste. Il faut et faudra continuer à œuvrer en faveur d'une Europe de la défense, tant capacitaire qu'opérationnelle.

Se préparer à un durcissement du contexte stratégique, c'est aussi moderniser et renouveler la dissuasion nucléaire. L'année 2021 s'est ouverte par l'annonce du lancement en réalisation du programme de sous-marin nucléaire lanceur d'engins de troisième génération. Elle pourrait se conclure avec la définition de la solution technologique retenue pour le futur missile de la composante aéroportée.

Les choses avancent donc dans le bon sens, même s'il nous faut rester attentif au maintien des compétences technologiques et industrielles nécessaires à la conception de notre dissuasion.

La prochaine LPM devra aussi se pencher sur les caractéristiques du futur porteur de la composante aéroportée à l'horizon 2035, ainsi que sur les futures ruptures technologiques, à l'instar des systèmes d'armes présents et futurs de planeurs hypersoniques.

Pour ma part, je crois surtout essentiel de faire preuve de la plus grande vigilance face à l'évolution de l'environnement politique, médiatique et diplomatique entourant la question nucléaire, en particulier face aux risques de répercussion des débats sur la place du nucléaire civil. Si nous faisions le choix de nous en détourner, nous serions bien en mal d'entretenir dans la longue durée les compétences nécessaires au maintien d'une filière de propulsion nucléaire.

Hier, RTE – Réseau de transport d'électricité – a présenté différents scénarios permettant d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Cela n'a fait que renforcer mes convictions : le nucléaire est incontournable ! C'est une solution d'avenir, et il est temps de le relancer. Voici mes conclusions sur les crédits du programme 146 inscrits au PLF, à l'adoption desquels la commission de la défense a émis un avis favorable.

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