Combien sommes-nous, avec nos anciens combattants et nos porte-drapeaux, aux cérémonies du 11 novembre ou du 8 mai ? Combien de familles, combien d'enfants assistent à l'hommage que nous devons pourtant à ceux qui ont péri pour nos couleurs ? Combien de Français définiraient encore ces journées comme devant être vouées au respect, au souvenir, à la transmission de nos valeurs aux plus jeunes, au lieu d'y voir seulement des jours fériés où faire la grasse matinée avant de s'adonner sans arrière-pensée au loisir, au shopping, à la consommation et à la fête ?
Au fil des années, la présence de nos concitoyens en ces jours de mémoire décroît : il faut attendre quelque drame, un attentat, la mort de soldats en opération extérieure (OPEX), pour que les allées se remplissent à nouveau. Comment ranimer la flamme de ces cérémonies dédiées à celles et ceux qui affrontent le risque suprême ?
Dans le rapport que nous avons corédigé, Jean-François Parigi et moi-même préconisons des assises du devoir de mémoire et de l'engagement auxquelles participeraient l'éducation nationale, les associations du monde combattant, les maires, les militaires d'active, les réservistes et tant d'autres encore. Ne peut-on par exemple imaginer qu'une date soit consacrée dans tous les lieux scolaires à notre histoire mémorielle et au sens de l'engagement, avec intervention d'associations militaires ou de réservistes, puis participation obligatoire aux cérémonies commémoratives devant le monument aux morts de la commune ? Pourquoi ne pas envisager que, comme au Canada, les membres des quarante-huit réserves existant en France puissent mettre à profit ce même jour férié pour se rendre aux cérémonies, valoriser leur engagement auprès de leur entreprise ou le présenter lors d'interventions au sein des universités ?
Certes, rien de tout cela ne se fera du jour au lendemain – pour des raisons de sécurité, de pré carré, d'habitude voire de confort. Il y faudra beaucoup de pédagogie. Reste que notre devoir est d'engager dès maintenant ces réflexions, sans quoi ceux qui se tiennent avec nous devant les monuments se compteront bientôt sur les doigts de la main, et nous ne pleurerons pas seulement les morts pour la patrie, mais les vivants qui auront déserté leur drapeau. Madame la ministre déléguée, quand donc débuteront ces assises, si la chose est possible ?