Je trouve le débat de ce soir tout de même un peu décalé avec la situation du pays depuis quelques années. Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur le fait que nos capacités d'accueil sont saturées, que l'intégration – certains préfèrent parler d'assimilation – ne se fait plus du tout dans de bonnes conditions, qu'on crée des ghettos et qu'on les renforce au fur et à mesure en concentrant toujours plus les populations dans les mêmes endroits et dans des proportions jamais vues.
Le but de l'amendement que je défends ce soir est de réaffecter 50 millions d'euros de l'action Accueil des étrangers primo-arrivants vers celle qui concerne la lutte contre l'immigration irrégulière. Devant la situation que je viens de décrire, c'est tout de même un paradoxe d'allouer deux fois plus de moyens à l'accueil des primo-arrivants : il n'y a jamais eu autant de mineurs non accompagnés et on n'a jamais autant délivré de titres de séjour qu'en 2019 ! Mettons de côté la crise du covid-19 qui a certes ralenti les flux migratoires, mais ce n'est que temporaire.
Il faut rééquilibrer tout cela. Aujourd'hui, 87 % des personnes qui font l'objet d'une OQTF ne sont pas expulsées. Cela ne peut pas durer comme ça ! D'un côté, on laisse des gens dans la plus totale illégalité, sans aucune perspective, dans notre pays et, de l'autre, on défavorise ceux qui devraient être accueillis et bénéficier d'un vrai statut de réfugié.
J'entends les discours sur l'humanité de la France, mais ceux qui relèvent réellement du statut de mineurs non accompagnés ou de réfugiés sont une infime minorité des populations étrangères dont nous parlons.