Intervention de Isabelle Santiago

Séance en hémicycle du vendredi 29 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Recherche et enseignement supérieur

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Santiago :

La mission Recherche et enseignement supérieur, l'un des plus gros budgets de l'État, connaît une augmentation de 700 millions d'euros pour 2022, pour un total de 29,237 milliards d'euros.

Cette enveloppe doit permettre de relever plusieurs défis dans des domaines où les difficultés sont grandissantes : la réussite des étudiants et la lutte contre les situations de précarité ; la prise en compte du paysage institutionnel ; la poursuite de l'application de la LPR, contre laquelle nous avions voté l'année dernière car nous dénoncions son manque d'ambition.

Ce budget est très insuffisant au regard des enjeux. En dépit des hausses affichées, il ne permettra pas de faire face efficacement à des problèmes tels que l'arrivée de milliers d'étudiants supplémentaires, la nécessité d'adapter les universités aux besoins sanitaires, les effets de la crise sur la vie des étudiants et leur recherche d'emploi ou la précarité que connaissent les personnels et les chercheurs du secteur public.

En ce qui concerne la recherche, les augmentations s'inscrivent dans la droite ligne de la LPR, avec la montée en puissance des financements allant à l'Agence nationale de la recherche. Pour rappel, notre groupe avait voté contre ce projet de loi en raison de son manque d'ambition pour la recherche publique française. Tous les audits de France Stratégie ou de la Cour des comptes montrent en effet qu'il est inefficace de financer principalement la recherche des entreprises par des fonds publics. Nous avions donc proposé une autre trajectoire en vue de porter rapidement l'effort de recherche à 1 % du PIB.

En cette fin de législature, il est intéressant de récapituler les baisses de crédits intervenues sur l'ensemble du quinquennat. La recherche dans les domaines de l'énergie, du développement et de la mobilité durables perd 5 % en autorisations AE, 25 % en équivalents temps plein et 16 % par rapport à 2021 ; les crédits de la mission "Recherche et enseignement supérieur" en matière économique et industrielle perdent 19 % en AE ; les crédits de la recherche spatiale sont en recul de 0,19 %, alors que le Président de la République vient d'annoncer sa volonté d'investir dans le secteur spatial – en tant que membre de la commission de la défense, je suis moi-même convaincue de l'intérêt majeur qu'il y a à investir dans le domaine spatial.

La LPR prévoyait des revalorisations salariales mais, dix mois après sa promulgation, seuls 14 % des décrets ont été publiés, dont deux concernent les contrats doctoraux.

J'en viens aux programmes relatifs à l'enseignement supérieur et à la vie étudiante.

Alors qu'une des dernières enquêtes d'Ipsos estime à 75 % le nombre de jeunes de 18 à 25 ans déclarant avoir des difficultés financières, les budgets stagnent malgré les hausses affichées. Ils ne permettent pas aux universités d'absorber les 30 000 baby-boomers des années 2000 qui viennent s'ajouter aux effectifs actuels d'étudiants.

Les crédits alloués pour les masters sont en baisse alors que des centaines d'étudiants n'ayant pu accéder à ces diplômes cette année sont en situation de détresse : c'est un scandale pour notre jeunesse après les deux années de crise sanitaire qu'elle a subie.

Le « ticket U à 1 euro » doit impérativement être pérennisé et ouvert à tous nos étudiants. Alors que les files d'attente pour la distribution de l'aide alimentaire s'allongent, pourquoi les priver d'une aide essentielle pour leur vie quotidienne ?

L'aide spécifique stagne elle aussi par rapport à 2021 alors que son enveloppe doit être étendue à plus d'étudiants en situation de précarité. Quant au plan « 60 000 logements étudiants », il n'offre en réalité que 36 000 nouvelles places en résidence sociale dont seulement 10 000 sont en service. L'immobilier universitaire doit faire l'objet de hausses convenables afin d'accueillir convenablement les étudiants qui suivent désormais les cours à 100 % en présentiel.

Léon Blum disait en 1919 : « Les jeunes sont l'espoir, la vie qui vient, la sève qui monte ; de la jeunesse d'aujourd'hui va dépendre le sort prochain de l'humanité. ». À la jeunesse, donnons les moyens de construire notre avenir.

Comme vous ne le faites pas, le groupe Socialistes et apparentés votera contre le budget de cette mission.

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