Intervention de Sophie Métadier

Séance en hémicycle du vendredi 29 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Recherche et enseignement supérieur

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Métadier, rapporteure pour avis de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire :

Après mon intervention en tant que rapporteure pour avis, je me consacrerai au volet relatif à l'enseignement supérieur.

À l'heure où la France sort d'une crise sans précédent et planifie sa relance à l'horizon 2030, à l 'heure où l'ensemble de la planète fait face à un défi climatique qui nous pousse à nous réinventer et à redéfinir nos modes de vies, la France se doit d'afficher un budget ambitieux tant pour sa recherche que pour la formation de ses étudiants. À cet égard, je salue l'augmentation du budget consacré à cette mission dont une partie s'inscrit dans la lignée de la loi de programmation pour la recherche.

Ainsi, je me réjouis de voir que les revalorisations et les recrutements tant d'enseignants-chercheurs que de doctorants sont en cours. Nos universités ont trop longtemps souffert d'un manque d'investissement et d'un retard salarial en comparaison avec nos voisins européens.

Sur cette question des revalorisations, je m'interroge, madame la ministre. La programmation pluriannuelle de la recherche prévoit que les nouveaux contrats doctoraux seront revalorisés de 30 % entre 2021 et 2023. Je ne reviens pas sur le regret exprimé l'an passé par mon groupe de ne voir cette augmentation concerner que les nouveaux contrats mais je souhaiterais avoir des précisions sur la trajectoire entamée pour atteindre les objectifs fixés. En 2022, les crédits permettront de porter le salaire d'un doctorant à 1 975 euros brut par mois, soit une augmentation de 12 % depuis 2020. Cela signifie donc que le plus gros de l'effort sera à fournir pour 2023, alors que nous ne savons pas si votre majorité sera encore sur ces bancs pour respecter cet engagement de 30 % de hausse pourtant si important. Comme dans de nombreux autres domaines, il est regrettable que les objectifs ne trouvent leur pleine réalisation qu'après les élections.

L'an passé, des transferts concernant la recherche spatiale et la recherche duale ont été effectués depuis cette mission vers la mission "Plan de relance" pour un total de 515 millions d'euros. Malheureusement, force est de constater qu'en deux ans, seuls 655 millions de dépenses auront été consacrées à ce secteur essentiel pour l'avenir, soit une perte de près de 380 millions d'euros. J'espère que ces crédits seront pleinement rétablis lorsqu'il sera mis fin à la mission "Plan de relance" .

Concernant le volet relatif à la vie étudiante, je tiens à saluer l'augmentation des bourses, l'installation des distributeurs de protections hygiéniques gratuites ou encore le maintien des repas à 1 euro dans les restaurants universitaires. Nous nous interrogeons toutefois sur le fait que ces derniers soient désormais réservés aux boursiers.

Toutes les associations s'accordent pour dire que la précarité n'a jamais été aussi grande chez les étudiants. Le coût de la vie a augmenté et, entre la difficulté à trouver un logement abordable et l'envol des prix de l'énergie, c'est sur leur alimentation qu'ils sont amenés à faire des économies. Ces difficultés ne concernent pas que les boursiers ; nombreux sont ceux qui, se situant juste au-dessus des barèmes, ne parviennent pas à s'en sortir. Bien que vous ayez prévu d'ouvrir le bénéfice de ces repas à 1 euro aux non-boursiers qui feraient état d'une grande précarité, il apparaîtrait plus efficace comme mesure d'urgence de maintenir les repas à 1 euro pour tous afin d'assurer un minimum de bien-être aux étudiants.

En outre, bien que cela ne relève pas du budget national, je regrette que cette année les fonds Erasmus ne permettent pas à tous les élèves qui le souhaiteraient de partir étudier à l'étranger alors que la crise sanitaire a déjà empêché bien des départs.

Je terminerai en évoquant les cancers pédiatriques, sujet qui tient énormément à cœur à notre président Jean-Christophe Lagarde tout autant qu'à ma collègue Béatrice Descamps. Je suis consciente qu'un premier geste avait été effectué en 2018 mais il faut aller plus loin, et je pense que nous serons beaucoup à vous le demander. Plus loin car de trop nombreux enfants décèdent encore chaque année de ces maladies. Plus loin car lorsque les laboratoires privés se détournent d'un enjeu aussi important, il y va de l'honneur d'un pays et de sa recherche publique de porter le flambeau de l'espoir pour des milliers d'enfants qui chaque jour luttent contre la maladie.

Les députés UDI et indépendants saluent les efforts engagés mais resteront attentifs aux réponses que vous apporterez à leurs interrogations.

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