Cette année encore, de nombreux amendements portent sur la recherche sur les cancers pédiatriques. Je connais évidemment votre engagement sur cette question, madame Descamps. Olivier Véran et moi-même le partageons. Chacun reconnaîtra d'ailleurs, je le crois, que l'engagement du Gouvernement, que nous réaffirmons sans relâche dans le cadre des discussions budgétaires depuis 2018, commence à porter ses fruits. Il est parfaitement légitime que nous rendions compte de ces avancées.
Je rappelle d'abord que la recherche en oncologie pédiatrique nécessite d'identifier de nouveaux concepts scientifiques pour faire des sauts qualitatifs dans la compréhension de ces cancers, dont certains sont très particuliers. Il y a donc là un enjeu de coordination et de moyens, mais aussi de cadre normatif. Pour progresser en la matière, l'évolution de la réglementation sur les embryons chimériques ou sur la recherche sur les cellules souches – au fond, toutes les dispositions que vous avez adoptées dans la loi du 2 août 2021 relative à la bioéthique – est au moins aussi importante que les moyens complémentaires que vous évoquez.
La recherche en oncologie pédiatrique est une recherche fondamentale, essentiellement interdisciplinaire, qui doit toujours faire l'objet de financements spécifiques, car cette discipline reste parfois très éloignée de l'oncologie classique comme de la pédiatrie. Les cancers de l'enfant étant souvent le résultat d'anomalies survenues au cours du développement embryonnaire, il importe de pouvoir étudier ce dernier. De très nombreux organismes de recherche et universités dotées de laboratoires de biologie fondamentale contribuent donc à la recherche sur les cancers pédiatriques.
Je rappelle en outre que je m'étais engagée à militer auprès de l'Union européenne pour que la question des cancers, particulièrement des cancers pédiatriques, soit prise en considération. En effet, si chaque cas particulier est bien entendu une abomination, les cancers pédiatriques restent finalement des maladies rares. Si nous voulons mieux les comprendre, nous devons être capables d'en observer plusieurs du même type, ce qui n'est possible qu'à l'échelle européenne.
C'est pourquoi j'ai été très heureuse de constater, lorsque le programme Horizon Europe a été lancé, qu'une de ses cinq missions – la seule consacrée à la santé, d'ailleurs –, portait sur les cancers, avec une forte composante relative aux cancers pédiatriques. La Commission européenne a fait de cette lutte une de ses priorités pour les sept prochaines années. Des financements additionnels pourront ainsi être mobilisés.
Au-delà des 5 millions d'euros dédiés chaque année à la recherche sur les cancers pédiatriques, tous les appels à projets passés pour financer la recherche contre le cancer peuvent, comme j'avais eu l'occasion de le souligner, faire l'objet de demandes de financement pour des projets relatifs aux cancers de l'enfant. Il ne s'agit pas de prétendre qu'un champ de recherche doit en remplacer un autre, mais simplement d'affirmer que nous sommes capables de financer tous les projets de qualité qui sont soumis dans ce cadre.
C'est pourquoi le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation a choisi, à travers la loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030, d'augmenter le budget de l'INCA de 22,7 millions d'euros. Ce budget, qui s'élevait à 38 millions d'euros en 2020 et avait déjà été abondé de 13,5 millions d'euros supplémentaires, atteindra ainsi 60 millions d'euros en 2025, ce qui permettra à l'Institut d'accompagner tous les projets de recherche en la matière.
Le ministère financera en outre des appels à projets thématiques à hauteur de plus de 52 millions d'euros. Ils porteront notamment sur les questions de la prévention, des séquelles et des cancers de mauvais pronostic – parmi lesquels les cancers pédiatriques trouvent évidemment toute leur place.
Enfin, comme je m'y étais engagée, et même si, comme vous l'aurez compris, c'est parfois difficile, j'ai demandé à l'INSERM d'évaluer le financement hors projet – le financement de base – dédié aux cancers pédiatriques. Il en ressort que sur les 209 millions d'euros alloués au fonctionnement des unités INSERM concernées par la cancérologie – montant qui exclut les salaires –, 21 millions d'euros, soit 10 % du budget, sont dédiés à la recherche en cancérologie pédiatrique.
Il apparaît donc clairement qu'au-delà de l'engagement spécifique de 5 millions d'euros, les financements des projets de recherche fondamentale – notamment ceux relatifs à la biologie du développement, qui permettront de mieux comprendre les cancers pédiatriques, donc de mieux lutter contre eux – sont pleinement au rendez-vous.
J'émets donc moi aussi une demande de retrait ou, à défaut, un avis défavorable.