Retrouver dès 2022 un niveau de richesse nationale équivalent au niveau d'avant-crise nécessite un effort considérable pour entériner les grandes orientations du plan de relance dont, à ce stade, les effets sont encore peu visibles. Il faut souligner que certains crédits du plan de relance sont en réalité des dépenses qui devraient être considérées comme normales, telles que la modernisation des administrations régaliennes. Ce plan de relance protéiforme semble souffrir d'un manque de lisibilité flagrant que de nombreux acteurs regrettent.
Nous devons être vigilants : le décaissement des crédits et leur utilisation de manière pérenne et structurelle doivent être rapides si nous souhaitons que le plan de relance soit un outil d'accompagnement viable, efficace, en adéquation avec ce que nous défendons et, surtout, immédiatement sensible dans les territoires. À la fin du mois d'août 2021, plus de 47 milliards d'euros avaient déjà été engagés sur l'ensemble des vecteurs de financement du plan, pour un objectif d'engagements fixé par le Premier ministre à 70 milliards d'ici la fin de l'année.
À l'échelle locale, le plan de relance comprend un volet de cohésion sociale et territoriale abondé à hauteur de 555 millions d'euros. Nous ne le dirons jamais assez : il est fondamental que nos territoires continuent d'être concernés par la relance. Je souhaite que les parlementaires soient étroitement associés aux attributions des aides ; malheureusement, nous sommes encore trop souvent ignorés.
Je regrette aussi que le ciblage des investissements ne soit pas davantage en lien avec les réalités locales et les atouts de nos territoires. En ce sens, l'effet de dilution des aides aux collectivités territoriales est le premier écueil à éviter. Pour notre groupe, il est indispensable de stimuler l'investissement des entreprises. Par exemple, nous proposons de soutenir la filière textile et d'inscrire les dispositifs nécessaires à sa survie dans le cadre du plan de relance. J'ai une pensée particulière pour mon territoire du Nord et pour la filière textile dans ma circonscription.
Par ailleurs, de multiples problèmes touchent le secteur du logement. Le Gouvernement a beau se féliciter des efforts accomplis en matière de rénovation énergétique, nous sommes encore loin du compte. La situation actuelle ne peut perdurer : elle est socialement et environnementalement inacceptable. Il n'est pas concevable que notre pays compte encore 4,8 millions de passoires thermiques. MaPrimeRénov' finance encore trop de rénovations partielles et trop peu de rénovations complètes, qui sont pourtant les plus efficaces et les plus rentables. De plus, trop de rénovations sont bâclées : nous proposons donc un contrôle systématique de la qualité des rénovations effectuées.
Depuis les confinements, les inégalités en matière d'accès au logement ne cessent de faire la une de l'actualité, avec, dans tout le pays, des mouvements de population dont nous avons du mal à mesurer toutes les conséquences à long terme. Pour couronner le tout, la construction de logements neufs reste insuffisante : il est oublié, le choc d'offre promis en 2018 !
Dans une autre perspective, la relocalisation à l'échelle locale de la production industrielle, jugée stratégique, est un élément clé de la relance que nous appelons de nos vœux. De ce point de vue, je regrette le manque de visibilité des attributions budgétaires à l'échelle locale. Ce problème de lisibilité se retrouve aussi dans l'articulation du plan de relance avec le plan d'investissement qui sera examiné incessamment à l'Assemblée. Nous sommes convaincus qu'au-delà des différences, qui font débat, entre l'offre et la demande, ce sont les mesures ciblées sur ceux, ménages et entreprises, qui ont été les plus touchés par la crise qui auront des effets massifs. Nous saluons donc l'action en matière d'emploi et de formation présente dans ce plan de relance dans le programme 364.
Toutefois, il n'y a pas d'argent magique : le « quoi qu'il en coûte » a beau être de mise depuis maintenant un an, la question du remboursement de la dette redevient urgente. Son montant annoncé approche 3 000 milliards pour l'année 2022. Durant la crise du covid-19, l'État a, certes, mobilisé des moyens inédits afin de prévenir tout effondrement de notre tissu économique et social, et nous l'avons soutenu, mais nous ne devons pas perdre de vue que la priorité demeure l'apurement des dépenses publiques afin que celles-ci progressent moins vite que nos recettes.