Nous avons eu le droit, de la part des ministres, à une lecture plus politique qu'économique du plan de relance. Un certain nombre de difficultés sont tout de même en germe. M. Le Maire a évoqué une baisse de la dette, alors que celle-ci n'a fait qu'augmenter, avant la crise – où des niveaux records de dépenses publiques ont été atteints –, pendant la crise, et aussi après la crise. Ce plan représente tout de même quatre points de dette supplémentaires : quand on prétend baisser les impôts, si l'on veut être crédible, il faut baisser certaines dépenses en parallèle, dire lesquelles, et ne pas se fonder uniquement sur des recettes hypothétiques ; faute de quoi ce sont les impôts de demain ou ceux sur les générations futures.
Deuxièmement, vous évoquez une croissance jamais vue ou un taux de chômage record : n'oublions pas que si la reprise a été plus importante en France, c'est aussi parce que la récession y a été beaucoup plus forte que chez nos voisins. De plus, tous les pays connaissent un cycle en V. En définitive, la perte de PIB est plus importante chez nous. Le vrai record, c'est celui d'un déficit commercial jamais atteint en France !
Le plan présenté s'apparente donc davantage à un plan de dépenses qu'à un plan de relance. Je poserai deux questions. En premier lieu, une reprise de l'inflation se fait sentir, sous l'effet des centaines de milliards d'euros déversés dans l'économie française : comment comptez-vous la juguler, alors que vous répandez encore davantage d'argent dans l'année à venir ?
Deuxièmement, ce plan recycle ou camoufle, pour plus des deux tiers, des augmentations de dépenses courantes. Je n'ai pas le temps d'évoquer ce point en détail, et je citerai simplement deux exemples. Premièrement, si la reprise des dettes des hôpitaux est souhaitable pour remédier à l'étranglement du système de santé, elle ne relève pas du plan de relance économique. Deuxièmement, vous justifiez le retour des emplois aidés par leur utilité pour certaines collectivités ou pour certains individus, alors que vous vouliez absolument supprimer en début de quinquennat ; vous-même, monsieur le ministre délégué, siégeant alors sur d'autres bancs, étiez de cet avis !
Plus des deux tiers de ce plan de relance posent donc problème !