Nous voilà entrés pour de bon dans cette société du contrôle permanent dont j'avais dénoncé l'émergence à cette tribune. Pas une seule fois nous n'avons vu prospérer les idées mises sur la table pour tenter d'échapper à l'alternative « un coup t'es confiné, un coup t'es déconfiné » – puisque telle est en effet la menace qui pèse en permanence sur nous lorsque nous refusons les mesures proposées.
Ces idées, c'était la suppression immédiate des foyers les plus importants de pandémie, notamment des élevages ultraconcentrés, lieux de reproduction des virus et de leur transmission aux êtres humains par le mécanisme de la zoonose. C'était la société du roulement, pour éviter que l'on s'entasse sur les quais de gare, dans des conditions qui font de ces derniers d'évidents foyers de contamination. C'était de permettre aux travailleurs de discuter entre eux de la meilleure façon d'exécuter leur tâche dans des conditions sanitaires optimales. Rien de tout cela n'a jamais été mis en débat. La seule chose dont nous parlons, c'est de contrôler, obliger, tordre les bras.
Comment ne pas s'alarmer de voir que, pendant huit mois, tout va pouvoir se décider tranquillement au sein du Conseil de défense, une enceinte qui accroît l'irresponsabilité de ceux qui s'y trouvent – je parle bien entendu d'irresponsabilité pénale –, sans que nous n'ayons rien à en dire ?