La pandémie a mis notre hôpital, notre système de santé et notre société à rude épreuve. Nous n'avons rien oublié de l'état de fragilité, si ce n'est de dénuement, dans lequel nous nous sommes trouvés au moment où le virus a surgi. Nous n'avons rien oublié de votre choix de suivre la même trajectoire, l'épreuve aggravant encore les fractures, les inégalités, l'affaiblissement des services publics et la domination des grandes multinationales.
Décidés que vous êtes à maintenir notre pays dans un état d'asphyxie démocratique, vous ne voulez rien changer à votre projet initial. Comment pourrions-nous vous délier les mains, encore et toujours ? La maison ne vous fait pas crédit.
Nous ne sommes pas encore sortis de la crise sanitaire et il ne faut pas relâcher notre vigilance, mais nous avons beaucoup appris. Tout en assumant toutes vos responsabilités publiques, vous devriez en tirer bénéfice et améliorer encore le niveau de conscience de façon à permettre à notre peuple de se mobiliser pleinement. Mais une fois de plus, vous choisissez le contrôle, l'infantilisation, le chantage. Il y avait pourtant d'autres voies pour convaincre que le vaccin est nécessaire.
Vous ne répondez pas à nos questions : jusqu'à quand le passe sanitaire ? Jusqu'à quand les suspensions des agents et des salariés, et dans quel but, pour quels objectifs ? Et j'ajoute : jusqu'à quand les profits hallucinants des grands labos ?
Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de lutte contre la pandémie que vous n'appréhendez pas. Vous ne dites rien, par exemple, au sujet de la promotion de la santé et de la prévention, de la lutte contre les inégalités territoriales et sociales, des traitements et de leur utilisation. Le confort que vous procure cette obstination à recourir aux ordonnances et aux privations de liberté vous empêche de mobiliser tous les moyens nécessaires et de rassembler notre peuple. Vous avez mangé trop d'ordonnances, et depuis longtemps : il faut donc maintenant arrêter.
Sans en être surpris, comment ne pas regretter que la majorité mette un point d'honneur à vous obéir, votant, seule, de telles dérogations, malgré l'incertitude de ce qui adviendra dans quelques mois ? À moins que les résultats extrêmement serrés du scrutin en première lecture et la mobilisation poussive des députés du groupe La République en marche ne soient le signe d'un malaise ? Si c'est le cas, le moment est venu de sortir des sentiers balisés.
J'observe au passage que votre précipitation forcenée ne permet pas à nos députés d'outre-mer d'être tous présents, alors qu'ils sont particulièrement affectés par la crise. Ils s'opposent unanimement à ce projet de loi.