comme si cela pouvait régler les problèmes structurels de notre économie.
Vous prévoyez ainsi 2,3 milliards d'économies sur le dos des précaires. Vous refusez de voir l'épreuve que constitue le chômage pour les personnes concernées et vous insinuez que leur situation résulte d'un choix, puisqu'elles refuseraient d'accepter l'une des innombrables offres d'emploi non pourvues.
Un chiffre suffit à rappeler la dure réalité du marché du travail : il y a treize fois plus de chômeurs que d'emplois vacants. Et s'il existe des secteurs en tension, on ne voit pas la trace d'une politique visant à y remédier. De surcroît, une partie des offres d'emploi ne correspondent pas à de véritables emplois.
Pour couronner le tout, alors que les besoins d'accompagnement des personnes privées d'emploi et des jeunes explosent, vous poursuivez le désengagement de l'État dans le financement de Pôle emploi, avec une baisse des subventions de 86 millions en 2022, s'ajoutant aux précédentes mesures d'économies. Au total, près de 400 millions auront été retirés au service public de l'emploi pendant le quinquennat. Ces baisses ne sont même pas compensées par l'enveloppe conjoncturelle de 175 millions attribuée à Pôle emploi, dans le cadre du plan de relance, pour répondre aux besoins d'accompagnement des demandeurs d'emploi de longue durée.
Au passage, comment ne pas s'alarmer des 196 suppressions de postes prévues à l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) en 2022 ? Cette décision témoigne de l'affaiblissement continu d'un instrument public pourtant essentiel pour le développement de la formation professionnelle tout au long de la vie et pour l'élévation de notre niveau de qualification collective et individuelle face aux défis de notre temps.
Depuis cinq ans, vous vous êtes enfermés dans un moule néolibéral et seule la double crise sanitaire et économique vous a obligés à déroger à votre trajectoire de baisse des dépenses publiques. Vous avez révisé votre politique de soutien à l'emploi en déployant des crédits supplémentaires pour couvrir de nouveaux contrats aidés afin d'amortir le choc économique lié à la pandémie, mais c'est après avoir coupé brutalement le courant entre 2018 et 2020, et gravement fragilisé le tissu associatif.
La jeunesse ne figurait pas non plus au rang de vos priorités. En pleine crise sanitaire, vous avez refusé, à plusieurs reprises, d'étendre le bénéfice du RSA et d'autres mesures aux jeunes de 18 à 25 ans afin de leur assurer un filet de sécurité minimal, nous renvoyant à la montée en charge de la garantie jeunes, désormais renommée « contrat d'engagement jeune ». L'annonce récente de ce nouveau dispositif, loin de l'ambition affichée, ressemble à un pétard mouillé.
Alors qu'un jeune sur cinq vit sous le seuil de pauvreté et qu'on dénombre au minimum 850 000 jeunes sans emploi ni formation, le contrat d'engagement jeune devrait bénéficier à seulement 400 000 d'entre eux. Par ailleurs, ce dispositif n'est pas adapté à toutes les situations. Encore une fois, vous êtes pris en flagrant délit de communication trompeuse. Sous-dimensionné et insuffisant dans sa dotation, le contrat d'engagement jeune exclut, en outre, les étudiants, qui continuent pourtant de grossir les rangs des usagers des banques alimentaires.
Pour le reste, il faut reconnaître que l'effort est notable concernant l'insertion par l'activité économique, dont les crédits progressent de 150 millions.