Tout d'abord, un constat : il y a tant de renvois à des décrets qu'on a l'impression d'une ordonnance habilitant le Gouvernement à légiférer tout seul.
Il est vrai qu'on attendait beaucoup de cet engagement du Président de la République, qui nous avait annoncé une garantie jeunes universelle. Elle n'a évidemment rien d'universel. Selon mes chiffres, 835 000 jeunes ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études, quand votre dossier de presse cite le chiffre d'un million, ce qui est encore plus accablant. Autrement dit, des centaines de milliers de jeunes n'auront pas droit à cet accompagnement.
Par ailleurs, nombre d'étudiants se rendent dans les banques alimentaires – je rappelle que le montant moyen d'une bourse est 183 euros –, mais il n'y a rien de prévu pour eux ; rien non plus pour les jeunes précaires qui enchaînent les petits boulots mal payés et à temps partiel, puisqu'ils ne sont pas durablement éloignés de l'emploi.
Par ailleurs, tout reste à faire s'agissant de l'accompagnement. Le boulot fait en la matière par Pôle emploi et par des associations n'est pas le même que celui accompli, depuis maintenant de longues années et fort bien, par les missions locales. Notre collègue Christophe a évoqué les enfants de l'ASE : ils ont aussi besoin d'un accompagnement médico-social, parce que cette problématique est très importante. Or les conditions que vous posez vont exclure les plus fragiles assez rapidement, et ils ne pourront pas rattraper le train en marche.
Je confirme ce qu'a dit mon collègue Ruffin : si on additionne les 200 000 garanties jeunes et les 100 000 jeunes en accompagnement intensif par Pôle emploi, il apparaît bien que vous avez budgété pour 100 000 jeunes supplémentaires. De fait, le compte n'y est pas.