Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du vendredi 5 novembre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Écologie développement et mobilité durables

Barbara Pompili, ministre de la transition écologique :

Aussi, 6,1 milliards d'euros seront consacrés à ces énergies renouvelables en 2022. Cette trajectoire est conforme aux objectifs ambitieux à horizon 2030 que vous avez votés, tant dans la loi relative à l'énergie et au climat que dans la programmation pluriannuelle de l'énergie. Et comme il s'agit d'une de nos priorités, le budget consacré au service public de l'énergie aura augmenté d'un quart depuis le début du quinquennat. La subvention pour charges de service public de l'ADEME est également en nette hausse, plus 50 millions d'euros, afin de financer notamment la hausse de ses engagements, en particulier pour le développement de la chaleur renouvelable.

Mesdames, messieurs les députés, j'en suis convaincue : c'est par l'ensemble de ces actions que nous pourrons réduire efficacement nos émissions de gaz à effet de serre et que nous nous attaquerons vraiment à la cause du mal environnemental.

Mais face à l'accélération du réchauffement climatique, nous devons également lutter, avec réalisme et responsabilité, contre ses effets. Une première conséquence du changement climatique, c'est la multiplication des catastrophes naturelles, qui ont encore fait la une des journaux cet été. Inondations, incendies, en France comme à l'étranger, sont à la fois plus fréquents et plus violents qu'il y a encore dix ans. Nous avons la responsabilité de soutenir ceux de nos concitoyens qui font face à leurs conséquences et, plus généralement, nous devons tous nous préparer à ces risques auxquels nous sommes tous susceptibles d'être confrontés à l'avenir. Les moyens du fonds Barnier sont donc portés à 235 millions d'euros, contre 137 millions il y a encore deux ans, avec notamment 30 millions d'euros de nouvelles mesures en faveur des reconstructions suite à la tempête Alex d'octobre 2020.

Toutefois, les conséquences du changement climatique ne se limitent pas à ces évènements naturels d'ampleur qui marquent les esprits : c'est aussi l'érosion, moins visible et donc plus pernicieuse, de notre biodiversité, aux conséquences tout aussi dramatiques sur le long cours. Je ne vous apprends pas qu'avec les outre-mer, la France abrite 10 % de toutes les espèces connues dans le monde. Cet extraordinaire patrimoine vivant est une chance pour notre pays. Mais c'est aussi une responsabilité, puisque près d'un tiers des espèces connues sont aujourd'hui menacées. Pour que nous puissions contrer cette mécanique mortifère, les budgets dédiés à la biodiversité augmentent de 15 millions d'euros. Le Gouvernement vous propose notamment d'accroître les moyens de la stratégie nationale pour la biodiversité, en l'abondant de 5 millions d'euros supplémentaires, ainsi que ceux de l'Office national des forêts ou encore du Conservatoire du littoral : c'est la première hausse – plus 1,5 million d'euros –depuis dix ans du plafond de ressources du Conservatoire, dont je salue l'action pour la préservation de nos littoraux. Au total, le programme Paysages, eau et biodiversité aura bénéficié d'une hausse de 107 millions d'euros depuis 2018, soit plus 80 % en quatre ans. C'est considérable, mais c'est surtout un investissement à la hauteur de l'importance de ce combat.

Enfin, je conclurai en vous disant un mot des mesures exceptionnelles que nous mettons en place face à la hausse des prix de l'énergie. Pour soutenir nos concitoyens face à l'explosion des prix du gaz, le Gouvernement a décidé de verser un chèque énergie de 100 euros à 6 millions de ménages modestes et de bloquer les tarifs réglementés du gaz à leur niveau du 1er octobre 2021. Malgré cette dernière décision, la hausse du prix du gaz aurait pu conduire à une augmentation de plus de 15 % des tarifs d'électricité d'ici 2022. Aussi avons-nous décidé de limiter cette augmentation à 4 %, en baissant notamment la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité. Je sais que l'Assemblée nationale a déjà validé cette mesure lors de l'examen de ce projet de loi de finances, et je m'en réjouis. Ce bouclier tarifaire va protéger efficacement nos concitoyens face à l'inflation, en particulier compte tenu de leurs dépenses de chauffage cet hiver. De même, face à la hausse récente des prix du carburant, le Gouvernement met en place une indemnité inflation de 100 euros, qui concernera toute personne qui gagne moins de 2 000 euros net par mois, soit 38 millions de Français.

Toutefois, soyez assurés que ces mesures exceptionnelles, que nous prenons parce que nous ne pouvons laisser nos concitoyens sans solution quand de telles hausses se produisent, ne changent rien à notre politique énergétique de long terme. Au contraire, cette situation nous conforte dans notre volonté de nous débarrasser au plus vite de notre dépendance aux énergies fossiles. Avec ce budget pour 2022, nous avançons plus que jamais dans cette direction. Sans cela, nous nous contenterions de combler les trous ; or ce que nous voulons, c'est une politique stratégique de long terme.

Mesdames et messieurs les députés, vous le voyez, notre ambition pour la planète n'est pas seulement faite de mots ; elle est faite de fonds, de crédits, de moyens. En somme, elle s'incarne pleinement dans le projet de budget que je vous présente. Ce budget pour 2022 est une nouvelle pierre à cet édifice que nous construisons ensemble avec patience et détermination. Quand je vois que l'urgence à venir au chevet de notre planète se fait chaque jour plus évidente, je pense que l'histoire nous donne raison. En 2021 plus que jamais, l'examen du budget, moment démocratique par excellence, est aussi un grand moment pour l'écologie.

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