Les pouvoirs politiques ont, en réalité, incité à la création des académies pour laïciser la connaissance et faire en sorte que l'intelligence, la culture, la science ou même la langue française s'organisent en dehors de l'université qui était, en Europe jusqu'au XIXe siècle, complètement contrôlée par l'autorité religieuse. Les phénomènes de structures sont absolument passionnants. Le risque de sclérose est permanent, les académies risquant de devenir, selon le sens commun du terme, « académiques », c'est-à-dire des instances que l'on respecte mais auxquelles on ne croit pas car trop institutionnelles et formelles. Rénover ce concept d'académie serait certainement un très beau cadeau que l'on pourrait faire aux communautés scientifiques, en faisant vivre des institutions fédératrices, sachant qu'aujourd'hui, la multiplication des sources d'information fait que les structures sont toujours concurrencées. Pour moi qui suis libéral, l'idée d'une concurrence ne me choque pas, bien au contraire ; il convient simplement de garder un peu de sang-froid et de n'accepter aucun monopole ni aucune culture du dénigrement des institutions installées.
L'exemple du Québec, décliné en Ontario et au niveau fédéral, est tout à fait intéressant. C'est un risque de choisir une seule personne mais c'est aussi une solution, car cela fait que l'on dispose d'un interlocuteur unique, qui se professionnalise et accède, dans la durée dont il jouit, à une certaine autorité.
Je vais vous proposer de clore cette première partie d'échanges, tout en vous invitant, M. Quirion, si vous le souhaitez et si votre emploi du temps vous le permet, à assister au deuxième point de l'ordre du jour de cette réunion, au cours duquel Cédric Villani va nous rendre compte de l'étape intermédiaire de la mission qu'il accomplit pour le compte du Gouvernement.