Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du vendredi 5 novembre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Mission Écologie développement et mobilité durables (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

J'en profiterai pour défendre l'amendement suivant, qui concerne lui aussi l'Office national des forêts.

Madame la ministre, les suppressions de postes continuent à l'ONF, bien qu'il ait déjà perdu quasiment la moitié de ses effectifs : alors qu'il comptait 15 000 agents au milieu des années 1980, il n'y en a plus que 8 000 aujourd'hui pour administrer l'ensemble de nos forêts publiques. Une telle évolution a des conséquences très directes, puisque la charge moyenne d'un agent est passée de 800 à 1 700 hectares de forêt – les chiffres varient de 900 à 4 000 hectares en fonction des départements.

Quelle est la conséquence de cette politique ? Rappelez-vous, lors de l'examen du PLF pour 2021, nous avions réussi à faire adopter le principe d'un moratoire sur la baisse des effectifs de l'ONF ; mais en deuxième lecture, le Gouvernement avait fait en sorte – par un jeu avec le Sénat – de revenir sur cette décision. Par conséquent, le PLF pour 2022 prévoit de nouveau la suppression de 95 postes, et la tenue d'Assises de la forêt ne change absolument rien à cela.

Vous l'avez d'ailleurs dit vous-même, madame la ministre : nous avons besoin d'un service public forestier. Nous en avons besoin d'abord parce que nous faisons face à une souffrance énorme ; je rappelle à ce propos que depuis 2000, une cinquantaine d'agents de l'ONF se sont suicidés – rapporté aux effectifs, pour que tout le monde comprenne, c'est davantage qu'à France Télécom. Nous perdons de l'expertise publique à un moment où, du fait notamment du dérèglement climatique, nous avons besoin de personnes capables d'observer les forêts en s'appuyant sur une connaissance précise de leurs parcelles. Nos puits de carbone s'amenuisent – c'est ce que pointe le Haut Conseil pour le climat (HCC) – et le modèle industriel de la forêt s'impose à certains endroits de manière très forte, avec des coupes rases et des plantations en monoculture qui rendent les forêts moins résilientes face aux maladies et au dérèglement climatique.

Ce que vous nous dites ne devrait donc pas aller à l'encontre du renforcement du service public forestier.

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