Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du samedi 6 novembre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

Je tiens tout d'abord à saluer l'ensemble des acteurs de terrain qui, dans les structures publiques et privées comme dans les associations, ont fait vivre la culture pendant les périodes difficiles que nous avons connues. Il faut également saluer votre engagement, madame la ministre, et l'engagement de vos services pour soutenir ce secteur en souffrance. L'espoir, la passion et l'envie de partager de tous ceux qui font la culture en France nous permettent de retrouver progressivement, avec bonheur, ce petit quelque chose qui rend nos vies plus douces.

« Tous les arts sont comme des miroirs où l'homme connaît et reconnaît quelque chose de lui-même qu'il ignorait », disait le philosophe Alain. Parce qu'elle nous permet de nous reconnaître nous-mêmes, notre culture constitue le ciment de notre société, dont la richesse est d'autant plus grande qu'elle est diverse – diverse dans ses formes et dans ses contenus, car les cultures sont faites pour communiquer, dialoguer et permettre à chacun d'apprendre de l'autre et, ce faisant, d'apprendre sur soi. Je me réjouis donc de la hausse des crédits de la mission "Culture" – je me dois néanmoins de souligner qu'elle repose en grande partie sur l'extension du pass culture à tous les jeunes de 18 ans, ainsi qu'aux collégiens et aux lycéens, qui pourront profiter de sorties culturelles avec leur établissement ou de leur propre initiative. Si cette mesure semble être une avancée incontestable pour l'accès de tous à la culture, nous resterons vigilants quant à l'utilisation des moyens importants qui lui sont consacrés.

Vous avez affirmé en commission, madame la ministre, que pour la première fois avec le pass culture, l'État ne dialoguait pas seulement avec les artistes, mais se préoccupait aussi des choix opérés par les spectateurs – en l'occurrence, les plus jeunes : en cela, avez-vous dit, le pass culture est une politique d'émancipation et d'autonomie. Je souscris pleinement à cette idée – à une réserve près, que nous sommes nombreux à partager, et que résume parfaitement cette affirmation de Jacques Chirac, dont l'amour pour les arts n'est pas à démontrer : « L'État est un rempart nécessaire pour éviter une culture uniformisée et soumise aux réalités économiques ». Dans les mots de notre ancien président, j'entends la volonté que doit avoir l'État d'accompagner l'émancipation culturelle des Français loin des règles du marché – vous me permettrez d'insister sur ce point. Aider les établissements à financer des sorties culturelles dès la classe de quatrième est une bonne initiative, mais elle intervient à un âge où les inégalités culturelles sont déjà, malheureusement, très avancées. Pour de nombreux jeunes, l'école est bien souvent le seul moyen d'accéder à la culture dans toute sa diversité et toute sa complexité. Comme l'indique Mme la rapporteure spéciale dans son rapport, nous devons avoir une politique d'éducation artistique et culturelle plus ambitieuse dès les plus jeunes années de l'enfant. En complément du pass culture, une telle politique sera déterminante pour permettre à chaque citoyen de s'émanciper à travers les arts. Cet objectif ne pourra être pleinement atteint que grâce à des investissements visant à développer l'accès à la culture partout sur le territoire, dans les zones les plus éloignées de Paris – alors que la capitale concentre encore trop souvent les investissements culturels.

J'en viens aux écoles de musique et de danse. Comme tous les établissements d'enseignement artistique, elles ont énormément souffert de la crise ; mais, contrairement à certains, elles en souffrent encore, car elles sont soumises à des restrictions sanitaires très contraignantes. L'inégalité de traitement dont elles sont victimes les soumet à de fortes incertitudes quant à leur situation financière : nombreuses sont les écoles qui appellent à l'aide. Je suis sûre que vous et vos services êtes parfaitement conscients de ces problèmes, madame la ministre – nous aurons l'occasion d'en débattre.

Je reviendrai enfin, cette année encore, sur le sort des écoles d'art et de design. J'attache une importance particulière aux arts plastiques : il me paraît primordial de soutenir l'enseignement supérieur et la recherche dans ce domaine, afin de pérenniser leurs fonds, leurs savoir-faire et les diplômes qu'elles délivrent. Bien que ces écoles soient publiques, elles ne semblent pas bénéficier du remboursement des frais d'inscription pour leurs élèves boursiers, comme les autres établissements publics. Lorsqu'elles exonèrent leurs boursiers de frais d'inscription, elles le font donc de façon volontaire, sur leurs fonds propres, à condition d'en avoir la capacité financière. Nous vous proposerons des amendements visant à remédier à cette situation inégale. Les députés du groupe UDI et indépendants abordent donc favorablement les discussions, mais seront attentifs aux réponses qui leur seront apportées.

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