Intervention de Alain David

Séance en hémicycle du samedi 6 novembre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Médias livre et industries culturelles ; avances à l'audiovisuel public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain David, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères :

Comme pour de nombreux autres secteurs, l'année 2020 a été une année hors du commun pour notre audiovisuel extérieur. Comme je l'avais rappelé l'année dernière dans l'hémicycle, les opérateurs de notre audiovisuel extérieur, France Médias Monde et TV5 Monde, ont dû adapter leurs modes de fonctionnement et assurer la protection de leurs collaborateurs tout en continuant à remplir leurs missions d'information, particulièrement cruciales en ces temps de crise susceptibles de favoriser la désinformation.

Je tiens à rappeler que la gestion de crise s'est faite sans aide supplémentaire, à l'exception des 500 000 euros alloués dans un second temps aux deux entreprises dans le cadre du plan de relance.

En outre, la crise est intervenue dans un contexte déjà budgétairement contraint pour notre audiovisuel extérieur. Conformément à sa trajectoire, revue à la baisse en 2018, la dotation de France Médias Monde s'élève dans le PLF pour 2022 à 254,2 millions d'euros, en recul de 500 000 euros par rapport à l'année dernière, et celle de TV5 Monde à 76,17 millions d'euros, montant stabilisé après un recul de plus de 1 million d'euros en 2019. Ces baisses interviennent alors que la concurrence internationale s'avère toujours plus forte et offensive – les budgets respectifs de la Deutsche Welle et de BBC Worlwide connaissent une augmentation très forte, et ceux de la Russie et de la Chine sont apparemment sans limite.

L'année 2021 a permis de se tourner à nouveau vers l'avenir et vers le déploiement des objectifs prioritaires qui sont au cœur des missions de notre audiovisuel extérieur ; comme je le rappelle chaque année, il s'agit d'un formidable outil d'influence, de rayonnement de la France et de la francophonie et de soutien à notre diplomatie, qui promeut les valeurs en lesquelles nous croyons et défend par son existence même la liberté d'information.

Pour ne citer que quelques exemples, je mentionnerai le développement linguistique de France Médias Monde : le renforcement de son offre en langues africaines a été poursuivi, afin de toucher un public toujours plus large et diversifié, et la déclinaison hispanophone de France 24 a été portée à 24 heures de diffusion quotidienne, dans un contexte de progression des audiences. En Amérique latine, la demande de France reste forte, malgré un déclin du français que nous pouvons encore enrayer si nous nous en donnons les moyens. Je mentionnerai aussi l'Europe, qui fait déjà l'objet d'une attention permanente et dont la présence sera renforcée dans les programmes du groupe, afin d'accompagner la présidence française de l'Union européenne en 2022.

Pour TV5 Monde, 2021 aura été marquée par la présidence française de la chaîne et par la montée en puissance du plan stratégique 2021-2024, qui vise notamment à en faire la chaîne de la planète, par une sensibilisation accrue des publics aux enjeux environnementaux.

Je souhaiterais finir en abordant un problème crucial dont la résolution se fait toujours attendre : l'avenir du financement de notre audiovisuel public, remis en question par la disparition progressive de la taxe d'habitation et par l'évolution des usages. Madame la ministre, il est urgent que des réponses soient apportées aux entreprises à ce sujet, pour mettre fin à un climat d'incertitude tout à fait anxiogène – vous pouvez l'imaginer. Il est impératif d'exclure la piste de la budgétarisation, car celle-ci ne permettrait pas à l'audiovisuel public de disposer d'un financement pérenne et qui lui soit spécifiquement affecté, alors qu'il s'agit d'un élément fondateur de l'indépendance des sociétés. C'est une question vitale pour notre audiovisuel extérieur : elle met en jeu sa crédibilité à l'étranger, à l'heure où la bataille de l'influence fait rage dans le monde.

Malgré les succès rencontrés par notre audiovisuel extérieur, je ne peux donc que voter contre ces crédits, car ils ne sont pas à la hauteur des enjeux et des ambitions que nous devons avoir en la matière.

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