Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du samedi 6 novembre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Médias livre et industries culturelles ; avances à l'audiovisuel public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

J'aborderai d'abord rapidement les crédits ayant trait à l'audiovisuel public. Je sais que nombre de nos collègues ont regretté la légère baisse de ses dotations, qui était prévue dans les contrats d'objectifs et de moyens. Mais je crois que même, s'agissant de l'audiovisuel, il faut savoir rationaliser la dépense publique, surtout lorsqu'une telle démarche traduit, comme c'est encore le cas ici, une adaptation aux modes de consommation des citoyens. Il ne s'agit pas pour autant de baisser la qualité du service proposé ; nous serons tous vigilants sur ce point, bien entendu.

Nous serons tout aussi vigilants quant à l'évolution de la contribution à l'audiovisuel public ; elle doit, elle aussi, savoir évoluer avec son temps, en permettant aux Français de contribuer de manière juste et équilibrée tout en garantissant des fonds stables et pérennes.

Concernant la mission "Médias, livre et industries culturelles" , je me réjouis de l'augmentation de ses crédits, qui doit notamment servir à aider un secteur de la presse en grande difficulté.

Cette année encore, les aides prévues dans le plan de relance pour accompagner la transition écologique et numérique de la presse sont une bonne nouvelle, tout comme les changements dans la distribution qui seront initiés l'année prochaine. Ces mesures permettront, je l'espère, de soulager le secteur, actuellement à la recherche d'un nouveau modèle économique viable.

Je salue le maintien des augmentations de crédits décidées l'année dernière pour la presse locale et la presse ultramarine. On relève souvent l'importance de la presse pour la vigueur de notre démocratie : les petits médias de portée locale ont un rôle crucial à jouer pour le dynamisme de territoires parfois éloignés des préoccupations des grands titres nationaux.

Il en va de même des radios associatives locales, dont le rôle de relais de proximité, souligné par le CSA, doit être renforcé afin de garantir la vitalité de nos territoires. Ces radios jouent un rôle essentiel en permettant à des acteurs associatifs ou privés, ou tout simplement à des artistes, d'avoir accès à un média de proximité. Si je salue l'augmentation de plus de 1 million du budget qui leur est consacré, j'invite le Gouvernement à aller encore plus loin pour encourager l'expression de tous, au plus près des Français.

Enfin, madame la ministre, permettez-moi de revenir, comme je l'ai fait en commission, sur la question de l'accessibilité des collections des bibliothèques, dans le prolongement de la proposition de loi relative aux bibliothèques et au développement de la lecture publique, que nous avons adoptée en première lecture, il y a un mois. Nos débats ont permis d'inscrire dans le texte la nécessité de rendre accessibles les collections des bibliothèques aux personnes en situation de handicap. Je remercie une fois de plus notre collègue Florence Provendier de son soutien sur cette question. L'objectif de la mesure que nous avons introduite dans la proposition de loi était d'adapter les collections, et notamment les écrits, aux personnes atteintes de tous types de handicap ou de maladie invalidante, mais aussi aux personnes souffrant de troubles cognitifs et de l'apprentissage, les troubles dys.

Je connais l'engagement des bibliothèques sur le sujet : elles développent de nombreuses initiatives pour rendre accessibles à tous les trésors qu'elles contiennent. Un rapport du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC), paru en 2017, l'avait d'ailleurs très bien montré. Toutefois, comme vous l'avez dit en commission, madame la ministre, les livres numériques devront être accessibles aux personnes handicapées dès 2022, conformément à la directive de l'Union européenne relative aux exigences en matière d'accessibilité applicable aux produits et services.

C'est précisément dans l'optique de l'entrée en vigueur de cette directive qu'il me paraît indispensable de soutenir les bibliothèques désireuses de s'y conformer. Un portail permettant de commander les livres numériques va certes être créé, mais les coûts supplémentaires liés à son utilisation, ainsi que les installations et les adaptations nécessaires dans les bibliothèques, ne sauraient constituer une excuse valable pour un quelconque retard dans la mise à disposition des collections.

Je ne prendrai qu'un exemple. Actuellement, près de 820 000 personnes sont empêchées de lire du fait de troubles visuels sévères. Afin que les bibliothèques soient un véritable lieu de découverte et d'échange pour tous, nous devons traiter chacun de manière égale et digne. Tel est, en tout cas, le sens d'un amendement que je défendrai tout à l'heure.

Les députés du groupe UDI et indépendants saluent le niveau des crédits alloués à la mission "Médias, livre et industries culturelles," mais resteront attentifs à l'évolution de la discussion budgétaire.

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