Intervention de Michèle Victory

Séance en hémicycle du samedi 6 novembre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Médias livre et industries culturelles ; avances à l'audiovisuel public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

Les deux missions dont nous examinons aujourd'hui les projets de budget, les missions Médias, livre et industries culturelles et Avances à l'audiovisuel public, n'ont pas bénéficié du même soutien financier ces dernières années, ce que nous regrettons. Alors que la première voit ses crédits augmenter de 12 %, ce dont nous nous félicitons, notre audiovisuel public subit la cure d'austérité imposée par le Gouvernement, qui a ainsi engrangé une économie de 200 millions d'euros depuis 2018 ! Le terme « trajectoire » utilisé par le Gouvernement pour donner une apparence positive à cette évolution ne sert finalement qu'à masquer la réalité des baisses de financement.

Pourtant, dans un environnement fortement concurrentiel, le secteur de l'audiovisuel est sujet à de nombreuses mutations depuis plusieurs années.

La première est la multiplication de l'offre depuis l'arrivée sur le marché français des géants américains, qui a transformé les modes de consommation des Français. Sur ce sujet, nous soutiendrons l'amendement de notre collègue Constance Le Grip visant à soutenir la création d'un OGC spécifique aux éditeurs de presse.

La deuxième mutation du secteur de l'audiovisuel est l'accroissement de la consommation de l'information pendant la crise sanitaire, information trop souvent vampirisée par les fausses nouvelles sur les réseaux sociaux ou dans certains médias, les bonnes pratiques étant loin d'y être majoritaires.

Troisième mutation, enfin, le secteur connaît actuellement un bouleversement inquiétant, lié à l'une des plus grosses opérations de son histoire, qui se déroule dans une parfaite indifférence : la fusion des deux plus importants groupes privés de télévision, TFI et M6.

Face à ces risques multiples, le Gouvernement et la majorité ont choisi d'imposer des coupes budgétaires à toutes les entités de l'audiovisuel public dans le projet de loi de finances pour 2022, avec des baisses respectives de 14 millions d'euros pour France Télévisions, de 2 millions pour Radio France et de 400 000 euros pour Arte et France Médias Monde – mes collègues l'ont déjà souligné.

Vous avez déclaré, madame la ministre, que l'audiovisuel public était un joyau qu'il fallait protéger. Au-delà des formules, le secteur de l'audiovisuel public attend des preuves d'amour tangibles !

Alors que tous les rapports sur l'exécution des contrats d'objectifs et de moyens de ces entités soulignent le rôle joué, pendant la crise sanitaire, par les chaînes et les radios de service public, qui ont rempli des missions d'intérêt général, le groupe Socialistes et apparentés ne peut que regretter cette stratégie d' « assainissement » de leurs finances. Nous demanderons donc, au minimum, le rétablissement des crédits ouverts par la loi de finances initiale pour 2021 pour l'ensemble du secteur et le relèvement du nombre d'ETP de France Télévisions.

Enfin, nous regrettons l'absence totale de projet pour la contribution à l'audiovisuel public. Il est pourtant nécessaire de la faire mieux accepter par les Français et de l'adapter à leur consommation des médias.

En ce qui concerne la mission "Médias, livre et industries culturelles, " nous saluons l'augmentation de 22 % des crédits du programme 180 Presse et médias : elle est la bienvenue pour accompagner un secteur fragilisé par la crise, confronté à la hausse du nombre de journalistes pigistes en situation de précarité.

Le renforcement du Fonds de soutien à l'expression radiophonique locale, à hauteur de 1,1 million, était également nécessaire, mais les moyens alloués au développement du DAB+

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