Intervention de Karine Lebon

Séance en hémicycle du samedi 6 novembre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Médias livre et industries culturelles ; avances à l'audiovisuel public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKarine Lebon :

mais l'engagement et le professionnalisme des salariés sont le fruit du savoir-faire propre à ce service public, et à rien d'autre. En raison même de la grave crise démocratique actuelle, nous alertons avec vigueur sur les risques que le Gouvernement fait courir au service public audiovisuel, lequel doit être pluraliste, fort et bien financé.

Ce quinquennat aura été particulièrement redoutable pour l'audiovisuel public dans les outre-mer. Le plan d'économies s'est en effet traduit, dès février 2020, par la fin de la diffusion de France Culture et de France Musique sur la bande FM. Plus de deux millions d'auditeurs se trouvent ainsi privés d'une écoute directe de ces deux stations majeures du service public : seul France Inter demeure accessible. Selon la PDG de Radio France, maintenir cette diffusion reviendrait trop cher dans un contexte de moyens contraints. Le décalage horaire constituerait également un obstacle : je rappelle qu'il n'y a que deux heures – trois au maximum – de décalage horaire entre la Maison ronde et La Réunion ; cet argument ne tient donc pas. Le plan d'économies a donc un coût exorbitant pour les outre-mer : il remet en cause l'égal accès aux ondes nationales. Quant à la solution proposée aux auditeurs – se rabattre sur internet –, elle fait fi de la fracture numérique et des contraintes d'équipement.

À cela, il faut ajouter la suppression de France Ô, seule chaîne gratuite à subir ce sort depuis 1992 : le bouquet de la télévision numérique terrestre (TNT) des outre-mer se trouve, lui aussi, encore rétréci. À la Réunion, la version gratuite de la TNT, qui ne comptait que dix chaînes à son lancement en 2010, n'en comprend plus que sept depuis un an. Pour avoir accès aux vingt chaînes à couverture nationale disponibles dans l'Hexagone, les téléspectateurs ultramarins doivent passer par le satellite ou par internet – deux solutions payantes. Je tiens par ailleurs à souligner que les chaînes parlementaires ne sont toujours pas diffusées par la TNT dans les outre-mer : nous n'avons accès ni à La Chaîne parlementaire (LCP), ni à Public Sénat.

La pluralité de l'information, l'ouverture au monde et une production locale de qualité constituent autant d'objectifs que les outre-mer partagent et revendiquent. Mais l'équilibre qu'ils supposent, aussi exigeant que précieux, est bien mis à mal.

Nous observons enfin que le budget pour 2022 semble ignorer ce que tout le monde constate par ailleurs. Nombreux ont été ceux qui ont déjà tiré la sonnette d'alarme et alerté votre ministère sur la pénurie de papier qui affectera aussi bien la presse que le livre. Pourtant, rien dans les crédits de la mission n'indique que cette pénurie sans précédent et appelée à durer soit prise en considération pour venir en aide aux secteurs du livre et de la presse, à moins que vous ne considériez que la hausse inévitable du prix doive être répercutée sur les lecteurs – une hypothèse d'autant plus fâcheuse, vous en conviendrez, que la lecture a été déclarée grande cause nationale.

Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine votera donc contre les crédits de cette mission.

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