Intervention de Albane Gaillot

Séance en hémicycle du samedi 6 novembre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Mission médias livre et industries culturelles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlbane Gaillot :

Les hommes et les femmes demeurent représentés de façon inégale en termes d'image et de fréquence dans les médias et sur les réseaux sociaux. La Fondation des femmes, dans son rapport « Numérique : le sexisme en liberté » d'août 2021, démontrait, par exemple, que les représentations des femmes demeurent stéréotypées sur Youtube. Et la presse n'est malheureusement pas en reste : le rapport 2020 de l'Observatoire de l'égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication mettait en exergue que les femmes demeurent moins nombreuses que les hommes dans les médias, qu'elles soient intervieweuses ou interviewées. Leur parole, particulièrement peu audible pendant la crise sanitaire, a réduit encore le nombre de femmes expertes interrogées.

Garantir une représentation non sexiste des femmes est une forme de parité, et la garantir entre les experts et les expertes interviewées était une des missions de l'ancien CSA mais, son pouvoir de contrôle étant limité, le sexisme a perduré non seulement dans les modes de représentation mais aussi du fait de la surreprésentation des hommes en tant qu'experts dans les médias.

L'amendement n° 2052 vise donc à souligner le besoin d'un nouveau programme budgétaire spécifiquement destiné à la promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes dans les médias et dans la presse car il permettrait un contrôle annuel des représentations des femmes dans les médias mais également dans la composition des panels d'invité.e.s, afin de sanctionner ceux qui ne respecteraient pas cette égalité.

J'en viens à l'amendement n° 2054 . Aujourd'hui, aucune incitation à la diversité des genres n'existe dans les collections des bibliothèques des collectivités territoriales, même si, localement, des efforts peuvent être observés et méritent d'être loués. Les femmes demeurent minoritaires au sein des collections des bibliothèques, comme elles le demeurent plus généralement dans la culture française– pensons aux musées ou aux programmes scolaires. Nul ne peut ignorer les biais qui contribuent à mieux considérer des œuvres produites par des hommes, biais qui se retrouvent dans la manière dont sont composées les collections des bibliothèques. L'argument de l'impossibilité de trouver autant d'œuvres de femmes que d'hommes dans certains domaines ou à certaines époques me semble fallacieux car il existe nombre d'œuvres de femmes qui méritent d'être mises en avant, même si elles sont anciennes ; pour ce qui regarde notre époque ensuite, il existe suffisamment d'autrices et de femmes spécialistes pour essayer, à tout le moins, d'atteindre une forme de parité dans les collections.

Pour ces raisons, et parce que les bibliothèques demeurent une source culturelle majeure pour de nombreux concitoyens et concitoyennes de tout âge, il apparaît opportun d'encourager une représentation paritaire des auteurs présents et des autrices présentes dans les collections des bibliothèques. Tel est l'objet de cet amendement.

Quant à l'amendement n° 2056 , il est le fruit d'un constat : à l'ère post-MeToo, la libération de la parole des victimes de violences sexistes et sexuelles continue dans toutes les strates de la société, et les secteurs du livre, des médias, de la culture et des industries culturelles ne font malheureusement pas exception. De nombreux scandales à portée sexuelle ou morale, révélés par les enquêtes de collectifs comme Prenons la Une, #NousToutes, Paye ton journal ou encore le MeToo de l'édition ont démontré, s'il le fallait encore, un besoin de sensibilisation et de dialogue autour des violences psychologiques, sexistes et sexuelles.

Cet amendement est inspiré de la mesure 19 des trente mesures proposées par la ligue des auteurs professionnels pour offrir un avenir à la création, et propose de créer un programme budgétaire pour des rencontres annuelles entre partenaires sociaux du domaine de la création, car celles-ci permettraient d'échanger et de sensibiliser sur les questions de lutte contre les violences psychologiques, sexistes et sexuelles afin de prévenir de nouveaux scandales de ce type. Sur le modèle de rencontres annuelles organisées autour d'autres thématiques, elles seraient également l'occasion d'échanger sur les bonnes pratiques de terrain, d'assurer un suivi des mesures prises contre les violences et d'envisager des actions pour le futur.

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