Intervention de Amélia Lakrafi

Séance en hémicycle du lundi 8 novembre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Économie ; investissements d'avenir ; engagements financiers de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAmélia Lakrafi, rapporteure pour avis de la commission des affaires étrangères :

L'année 2021 a été marquée par un net rebond du commerce extérieur, après l'effondrement inédit des échanges internationaux provoqué en 2020 par la crise sanitaire. Nos entreprises exportatrices ont fait preuve d'une grande résilience. Ainsi, on compte cette année 132 000 entreprises exportatrices, le chiffre le plus haut depuis vingt ans.

Ce rebond est dû à plusieurs facteurs. Tout d'abord, le commerce extérieur bénéficie d'un environnement international favorable aux échanges en raison de la levée progressive des mesures sanitaires restrictives partout dans le monde, même si de nombreuses incertitudes demeurent, comme en témoignent les tensions actuelles sur les chaînes d'approvisionnement.

Ensuite, il est le résultat des mesures de soutien à l'économie prises par le Gouvernement au début de l'année 2020, et notamment celles qui ont été mises en œuvre dans le cadre du volet export du plan France relance, pour un montant de 247 millions d'euros. Dans l'ensemble, l'impact de ces mesures sur la sécurisation de la trésorerie des entreprises a été très bénéfique. Les différents instruments mis en place en faveur du commerce extérieur continuent leur montée en puissance. Leur prolongation bienvenue jusqu'au mois de juin 2022 permettra aux entreprises de profiter pleinement des possibilités offertes par le rebond des échanges. Leur efficacité pourrait toutefois être améliorée par une promotion plus large des outils proposés par la Team France Export, la TFE, qui est le dispositif public français d'accompagnement des exportateurs, par la simplification des critères d'éligibilité pour le chèque relance export ou encore par l'expérimentation de formules plus innovantes pour le dispositif des VIE, les volontariats internationaux à l'étranger.

Cette résilience est également le résultat de la réorganisation du système de soutien à l'export, dont les acteurs ont été pleinement mobilisés pendant la crise. Trois ans après la réforme de la TFE, les premiers résultats sont très encourageants, alors même que les acteurs ont été confrontés à une crise inédite. L'heure est à la consolidation de ce dispositif avec la poursuite de l'évolution numérique de l'accompagnement à l'export, l'intensification des actions menées par les opérateurs, le déploiement de la Team France Invest et la meilleure intégration des acteurs privés à la TFE, y compris le réseau des CCI – chambres de commerce et d'industrie – et des entrepreneurs français implantés à l'étranger. Enfin, le rebond du commerce extérieur est la conséquence des mesures structurelles prises ces dernières années pour renforcer la compétitivité de l'économie. Ainsi, en 2020, la France a conservé, pour la deuxième année consécutive, la première place des pays européens en termes d'accueil de projets d'investissements étrangers.

Mais la crise a également mis en exergue certaines fragilités structurelles de notre économie : le déclin de l'industrie, la trop grande spécialisation sectorielle de notre commerce extérieur, notamment dans l'aéronautique et le tourisme, et la vulnérabilité de certains approvisionnements français et européens. C'est la raison pour laquelle la réindustrialisation du pays demeure un enjeu prioritaire de la relance ; le secteur industriel bénéficie actuellement non seulement de mesures visant à améliorer la compétitivité globale de l'économie française, mais aussi d'une stratégie de réindustrialisation spécifique. Je salue aussi bien les résultats du plan de relance que le plan d'investissement France 2030 annoncé le 12 octobre dernier par le Président de la République.

Enfin, la crise de la covid-19 a mis en exergue la vulnérabilité des chaînes de valeur mondiales. À cet égard, l'impératif de sécurisation des approvisionnements pourrait s'ajouter à l'exigence de verdissement des échanges pour favoriser un mouvement de relocalisation des chaînes de valeur à l'échelle régionale. Des liens commerciaux plus étroits avec les pays du sud de la Méditerranée pourraient contribuer à réduire la dépendance de l'économie européenne et de l'économie française à des régions plus éloignées. Il convient d'engager une réflexion sur la construction de nouveaux partenariats stratégiques avec les pays du voisinage sud afin de faire de ceux-ci une priorité du commerce extérieur français et européen. Au niveau national, cela passe par la révision des priorités géographiques du dispositif public d'accompagnement des entreprises sur les marchés étrangers, tourné essentiellement vers l'Europe, même si le marché européen a beaucoup aidé nos exportateurs pendant la crise ; il convient également de mettre davantage à profit l'expertise dont disposent les outre-mer sur leur environnement régional. Au niveau européen, il conviendrait d'accélérer les négociations sur les instruments permettant de renforcer les échanges entre l'Union européenne et l'Afrique, qu'il s'agisse d'harmonisation réglementaire ou de la conclusion d'accords de libre-échange complets, approfondis et équilibrés visant à dynamiser nos échanges avec ce continent.

Notre pays dispose de très nombreux atouts pour développer son commerce à l'international. Le projet de loi de finances sait en tirer le meilleur profit et apporte à nos exportateurs tout le soutien qu'ils attendent. Je vous invite donc sans réserve à voter les crédits alloués au commerce extérieur.

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