Intervention de Jean-Noël Barrot

Séance en hémicycle du lundi 8 novembre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Économie ; investissements d'avenir ; engagements financiers de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Noël Barrot :

Madame la ministre déléguée, mesdames et messieurs les rapporteurs, chers collègues, depuis 2017, nous avons tenu nos engagements en matière de politique économique, du premier jour jusqu'au dernier, malgré la pandémie. Dans cette crise, nous avons su trouver les occasions qui permettent une reprise solide et nous ramènent à des niveaux bien trop longtemps oubliés. Le taux de chômage est au plus bas depuis 2008, la croissance est attendue à plus de 6 %, le niveau de vie des Français a augmenté deux fois plus vite que lors des deux quinquennats précédents et la France est devenue le pays d'Europe le plus attractif pour les investissements étrangers.

Avec le plan de relance européen, nous avons fait un bond en avant dans la construction européenne ; le plan France relance porte déjà ses fruits. La France a rattrapé son retard et nous nous devons de maintenir le cap pour redevenir une nation à l'avant-garde. Avec le plan France 2030, voulu par le Président de la République, nous mettons fin à des décennies de renoncement à la grandeur et de capitulation industrielle. Quelques jours après la présentation du plan, nous inscrivons dès aujourd'hui 3,5 milliards de crédits pour engager son application.

France 2030 doit nous permettre de faire de la France une nation apte à résoudre les défis climatiques et environnementaux. France 2030, c'est aussi le stimulant dont nous avons besoin pour concourir à la souveraineté technologique européenne. Pour cela, nous devons radicalement transformer nos méthodes de production énergétique et industrielle tous ensemble, pour que personne ne soit laissé à la marge. Cela nécessite de poursuivre la décarbonation des moyens de production d'énergie, avec le développement des réacteurs nucléaires de petite taille et des EPR (réacteur pressurisé européen), nous permettant de devenir une nation leader de l'hydrogène vert. C'est aller dans le sens d'une industrie décarbonée qui réduit ses émissions de gaz à effet de serre et qui développe de nouvelles technologies de transport plus vertueuses pour l'environnement : 2 millions de véhicules hybrides et électriques, et des avions bas carbone d'ici à 2030.

En tant qu'élu d'un territoire accueillant le quatrième aéroport français en termes de mouvements – Toussus-le-Noble –, je suis particulièrement sensible à ce que nous puissions, grâce à France 2030, renouveler au plus vite notre flotte pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et les nuisances sonores, qui constituent une menace grandissante pour la santé publique.

N'en déplaise à certains détracteurs, la filière nucléaire est la condition nécessaire d'un mix énergétique fiable, durable et à faibles émissions. Comme l'a rappelé le haut-commissaire au plan François Bayrou, la consommation d'électricité va doubler en trente ans, rien qu'en France. Nous ne pouvons être dépendants des énergies fossiles des puissances étrangères ; nous ne pouvons pas nous reposer uniquement sur du renouvelable aux capacités aléatoires pour maintenir une production d'électricité fiable à un prix abordable pour les Français. Nous devons donc continuer d'investir dans le parc nucléaire.

France 2030, c'est l'occasion de renforcer les filières agroalimentaires pour une production saine, durable et traçable ; pour une nation gardienne de son autonomie alimentaire qui favorise les circuits courts et où les agriculteurs et leurs familles disposent d'un revenu et d'une retraite qui leur permette de vivre dignement. C'était notre objectif avec les lois pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dites EGALIM, la nouvelle PAC et la revalorisation des retraites ; nous le poursuivons avec France 2030.

Pour la majorité, la relance de l'industrie n'est pas un vœu pieux. Sous votre autorité, madame la ministre déléguée, l'État a soutenu 624 projets de relocalisation ; un tiers des entreprises industrielles ont été accompagnées ; l'emploi industriel s'est redressé et les impôts de production ont bénéficié d'une baisse de 10 milliards durant le quinquennat.

France 2030, c'est aussi placer la santé au cœur du dispositif de réindustrialisation, en investissant dans la recherche et la production nationale de biomédicaments contre les cancers et les maladies rares et chroniques. C'est un enjeu économique pour l'un des secteurs participant le plus activement à la balance commerciale positive de la France. Mais comme l'a démontré la pandémie, c'est avant tout un enjeu de souveraineté. Nous devons être indépendants en matière de production de paracétamol, mais nous devons aussi rattraper notre retard en matière d'innovation de rupture.

Notre objectif est de poursuivre la construction d'une société plus juste et en harmonie avec le vivant, car il n'a échappé à personne que nous avons connu cette année des épisodes climatiques d'une extrême violence, partout en Europe. Nous devons mieux comprendre notre monde, grâce à une reprise des investissements dans l'exploration spatiale, avec la production de minilanceurs réutilisables et de microsatellites, ainsi que dans l'exploration des fonds marins. Il s'agit à la fois d'accélérer la recherche et l'innovation et de garantir notre souveraineté.

Avec le plan France 2030, qui donne des moyens substantiels à la production de contenus culturels et créatifs, nous voulons enfin refaire de la France ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être : une lumière pour le monde.

Selon les mots du Président de la République, nous devons aborder ces perspectives avec un « esprit commando », loin des lourdeurs d'organisation qui ont parfois pesé sur l'esprit d'innovation et de rupture en France. Dans la perspective du déploiement de France relance, il faut que les acteurs du territoire s'impliquent pleinement, afin de mobiliser l'ensemble des forces vives de la société. Nous serons donc particulièrement attentifs aux règles de gouvernance qui seront retenues pour le déploiement du plan France 2030.

Pour toutes ces raisons, les députés du groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés voteront ces crédits avec enthousiasme.

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