Intervention de Jean Bassères

Réunion du mercredi 6 décembre 2017 à 11h00
Commission des affaires sociales

Jean Bassères, directeur général de Pôle Emploi :

Madame Brocard, le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) a fait l'objet d'évaluations positives, ce qui n'exclut pas que des personnes puissent être insatisfaites. Je rappelle toutefois qu'une partie de la prise en charge des intéressés est le fait d'opérateurs privés : les personnes déçues le sont-elles par Pôle Emploi ou par ces opérateurs ?

Ce dispositif est à peu près partagé par moitié entre les secteurs public et privé, et les résultats sont globalement appréciés, ce qui, encore une fois, n'empêche pas des déceptions ponctuelles. Le CSP est défini par les partenaires sociaux, et Pôle Emploi a constitué des équipes dédiées, au sein desquelles chaque conseiller suit au maximum 70 demandeurs d'emploi. Nous sommes donc en mesure d'assurer un accompagnement intensif.

Monsieur Hammouche, nous sommes parfaitement conscients du risque de fortes inégalités sociales et territoriales, c'est pourquoi nous nous efforçons de former les demandeurs d'emploi au numérique. Si certaines situations nous dépassent quelque peu – nous n'avons pas prise, par exemple, sur la couverture numérique du pays –, une réflexion reste à conduire sur une action mutualisée des services publics en direction des personnes éloignées du numérique. On pourrait envisager, par exemple, des lieux et des instances où l'usager pourrait être accompagné dans son accès aux services de base, chaque organisme se chargeant de mettre en place des formations spécifiques pour les services de son ressort.

Le rapport d'étape de l'IGAS et de l'Inspection générale des finances (IGF) sur la mise en oeuvre de la convention tripartite a effectivement signalé que les délais entre l'inscription à Pôle Emploi des personnes en accompagnement renforcé et leur premier rendez-vous avec un conseiller référent étaient excessifs. Cela a agi pour nous un révélateur, nous avons donc amélioré la situation et sommes revenus dans l'épure ; je ne manquerai pas de vous communiquer les derniers chiffres, qui sont plus satisfaisants.

Il faut par ailleurs se demander de quoi l'on parle lorsque l'on évoque les chômeurs de longue durée. Se limiter au critère habituel de la durée d'inscription à Pôle Emploi constitue à mes yeux une erreur, car la moitié des 45 % de demandeurs d'emploi qui sont inscrits depuis plus d'un an ressortissent aux catégories B et C, c'est-à-dire qu'ils travaillent. L'indicateur que nous utilisons pour notre part est fondé sur le nombre de personnes restées douze mois au cours des quinze derniers mois en catégorie A, c'est-à-dire sans travail. Cet indicateur est plus pertinent, car 25 % des demandeurs d'emploi appartiennent à cette catégorie. Un des enjeux du pilotage par le résultat est la réduction de ce nombre ; aussi devons-nous offrir à ces personnes des capacités d'accompagnement. À cet effet, nous raisonnons en termes de prévention, un de nos objectifs étant d'éviter que les intéressés basculent dans le chômage de longue durée. C'est pourquoi nous assignons à nos agences la mission de cibler les personnes restées douze mois en catégorie A au cours des quinze derniers mois et d'arbitrer entre les actions préventives et l'accompagnement des chômeurs de longue durée.

Enfin, monsieur Michels, la formation de nos personnels constitue bien l'une de nos premières préoccupations. Nous assurons en effet à chaque agent sept journées de formation par an, en particulier dans le domaine du numérique. Mais nous ne nous bornons pas à cela : dans chaque agence, un ambassadeur du numérique est présent, dont la mission est de sensibiliser ses collègues aux nouvelles applications et aux nouveaux outils. Nous avons élaboré une méthode à usage interne permettant de mesurer les lacunes de nos collaborateurs dans ce domaine ; la démarche a été probante, et il nous revient désormais de mettre en place les formations.

Il est impératif de ne plus opposer le numérique et le contact avec le conseiller, car les deux sont complémentaires : le numérique permet d'aller plus vite, le conseiller d'aller plus loin. Nous voulons faire passer au sein de Pôle Emploi le message qu'il ne faut pas avoir peur de cet outil, qui constitue un « plus » dès lors que l'on fait preuve de pédagogie et que l'on maintient à l'accueil et à l'accompagnement une dimension humaine.

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