Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mardi 9 novembre 2021 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2022 — Mission outre-mer (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Monsieur le ministre, je reviens vers vous concernant le plan ORSEC – organisation de la réponse de sécurité civile – eau potable. Je ne vous lâcherai pas tant qu'aucune réponse d'urgence n'aura été apportée à la population de Guadeloupe.

Le plan ORSEC eau potable permet de distribuer des bouteilles d'eau à la population qui en est privée. Cela fait plusieurs fois que je vous demande de le déclencher. À chaque fois, vous admettez que la situation est catastrophique. On peut difficilement faire moins lorsque la majorité de nos compatriotes guadeloupéens souffre, qu'elle est soumise à des tours d'eau, lorsque certains sont privés d'eau pendant des heures, parfois des jours, des semaines et doivent acheter des citernes – l'amendement qui suit prévoit une aide pour cela et c'est pourquoi j'ai demandé qu'il fasse l'objet d'un scrutin public. Certaines familles doivent s'acquitter de factures d'eau exorbitantes, de 4 000, 5 000 ou 6 000 euros ; des enfants ratent jusqu'à un mois et demi de cours par an, faute d'eau dans leur établissement.

À chaque fois, vous admettez le problème, mais refusez de déclencher le plan ORSEC eau potable, prétendant qu'il serait inadapté à la situation, car réservé aux cas de catastrophe naturelle. Je vous lis donc l'instruction interministérielle relative à l'élaboration du dispositif ORSEC eau potable du 19 juin 2017 : « Cette organisation est mise en œuvre lorsque le réseau public d'adduction et de distribution est affecté par des ruptures qualitatives et /ou quantitatives de plus ou moins longue durée, quel que soit l'événement qui en est la cause. » Je répète : « quel que soit l'événement qui en est la cause » – en l'occurrence, l'état de délabrement des réseaux.

Que vous faut-il de plus quand la commission d'enquête relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences, que j'ai présidée et dont M. le rapporteur spécial a été le rapporteur, a demandé l'instauration du plan ORSEC eau potable en urgence, tout comme les collectifs et les associations sur place ? Que vous faut-il de plus, quand le rapporteur spécial sur les droits de l'homme à l'eau potable et à l'assainissement de l'ONU interroge le Gouvernement sur les mesures qu'il compte prendre et vous indique que l'eau d'importation en bouteille en plastique est 32,9 % plus chère en Guadeloupe que dans l'Hexagone ? Que vous faut-il de plus alors que la pandémie frappe et que, comme vous le savez, le premier des gestes barrières est de se laver les mains et qu'il est impossible de le faire lorsque le droit à l'eau n'est pas respecté ? Que vous faut-il de plus quand, comme nous le disions tout à l'heure, le scandale du chlordécone continue d'empoisonner les êtres, les eaux et les sols ?

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