…en déployant une indemnité inflation de 100 euros pour les individus présentant un revenu inférieur au salaire médian. En l'état, la disposition, présentée comme centrale par le gouvernement et la majorité, ne nous satisfait pas et suffirait à justifier à elle seule le renvoi de ce texte. Alors que la quasi-totalité des conditions sera fixée par décret sans que le Parlement puisse intervenir, les quelques éléments figurant dans ce PLF posent de nombreuses questions. La prise en compte des revenus individuels, et non du ménage, excluant de fait les enfants des critères retenus, pose un certain nombre de problèmes de définition du champ des bénéficiaires. En quoi un célibataire gagnant 1 900 euros a plus le droit à l'indemnité inflation qu'une mère isolée avec trois enfants à charge gagnant 2 100 euros ? Cette question n'a pour l'heure trouvé aucune réponse dans les rangs de la majorité ni au Gouvernement.
Outre les aspects techniques, cette indemnité ponctuelle et exceptionnelle ne saurait répondre aux défis actuels : le risque d'un décrochage durable des salaires par rapport aux prix à la consommation n'est pas à exclure et constitue une source de réelle inquiétude pour nos concitoyens. Pour être durable, la réponse ne pourra consister en indemnisations, certes louables mais temporaires ; elle ne résidera que dans une nouvelle répartition des richesses et une augmentation des salaires. Le ministre Le Maire l'a d'ailleurs appelée de ses vœux mais, comme d'habitude, les actes ne suivent pas les paroles. Il existe pourtant de nombreux outils – hausse du SMIC et revalorisation du point d'indice des fonctionnaires, par exemple.
Face à cette politique qui continue de s'accoutumer à la hausse des inégalités et de la pauvreté, qui refuse de mettre en cause la répartition des richesses, qui répond comme toujours, lorsqu'il s'agit des gens, par une petite aide ponctuelle et mal fichue sur laquelle le Parlement n'aura pas la main, nous proposons le rejet préalable de ce projet de loi de finances rectificative pour 2021.