Intervention de Philippe Vigier

Réunion du mercredi 10 janvier 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vigier :

Ceux d'entre vous qui me connaissent savent que je prône ce genre de mesures depuis dix ans. Mes propositions ont été balayées sous les quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Une fois planté ce décor, j'avoue que je suis ravi de voir Guillaume Garot reprendre certaines des dispositions de la proposition de loi que j'avais défendue dans cette même salle, il y a dix-huit mois. Dans la vie, il faut savoir attendre pour qu'émergent les points de convergence…

J'aimerais apporter quelques précisions à la présentation de Guillaume Garot.

Plus encore qu'à la diminution du nombre de médecins, il faut s'intéresser à celle du nombre d'heures travaillées. L'organisation du travail des médecins a profondément évolué et le nombre d'heures travaillées est en chute libre. En revanche, cher Guillaume Garot, la densité de médecin peut varier énormément dans un même département : à Nice, il y a une surdensification médicale ; mais vingt-huit kilomètres plus haut, il n'y a plus de médecins. Nous devons changer notre manière de dresser le tableau.

Pour ce qui est des maisons de santé, je vous donnerais l'exemple de mon département, l'Eure-et-Loir. C'est le département de la région Centre qui a le moins de médecins : 87 pour 1 000 habitants. Juste avant de quitter son ministère, Marisol Touraine avait d'ailleurs accordé une dérogation exceptionnelle et autorisé qu'un médecin puisse s'y installer avant d'avoir soutenu sa thèse. Or je me heurte à un blocage de la sécurité sociale depuis neuf mois : ce n'est toujours pas possible. On a créé des maisons de santé – j'en ai une dans ma commune –, adopté des mesures financières d'un montant de 50 000 euros, mis en place des dispositifs d'accompagnements au niveau des intercommunalités, fait tout ce que vous pouvez imaginer : or cela ne marche plus.

Nous savons tous quelle question nous poser, mes chers collègues, quelle que soit notre sensibilité politique. Laissons tomber les masques et faisons oeuvre utile. Pour 2018, je souhaite que, par-delà nos clivages, nous trouvions un point de convergence. Sinon, il pourrait bientôt ne plus avoir de médecine de ville à côté de la médecine hospitalière qui, elle, va très mal. La France compte 30 000 médecins en situation irrégulière, sans diplôme validé par le Conseil national de l'Ordre. J'avais déposé un amendement sur le sujet, mais il m'a été refusé.

Monsieur le rapporteur, j'approuve la régulation que vous proposez. D'ailleurs, les dentistes, les sages-femmes, les infirmiers et les kinésithérapeutes ont accepté les régulations. Les pharmaciens ne s'installent pas où ils veulent. Comme cela a été dit et comme j'ai pu le constater lors de discussions avec les syndicats que j'ai rencontrés au moins dix fois, les jeunes ne veulent pas exercer dans les mêmes conditions que vos actuels médecins traitants. Il y a un problème d'attractivité, reconnaissons-le.

En revanche, cher collègue Gillaume Garot, je ne suis pas favorable au tiers payant généralisé qui ne règle rien parce qu'il ne s'attaque pas au reste à charge. Si vous donniez les moyens de résoudre le problème du reste à charge, je vous suivrais. Cependant, comme une disposition convient, je ne demanderai pas le renvoi en commission car ce serait un acte de déresponsabilisation.

Il y a quelques semaines, j'ai déposé une proposition de loi sur la cohésion territoriale qui comportait un volet sur la télémédecine. Tout le monde trouve cela formidable. Connaissez-vous la nomenclature des actes de télémédecine ? Connaissez-vous les modalités de remboursements ? Avec cette télémédecine sans nomenclature, nous créons une fantastique inégalité entre les territoires.

Cher collègue Guillaume Garot, je serai positif et je vous soutiendrai.

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