Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mercredi 10 novembre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2021 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Hier soir, j'ai entendu trente minutes de boniments du candidat Macron. Le candidat Macron n'aime pas les pauvres, donc il a décrété qu'il n'y en avait plus. Peu importe que, sous son règne, depuis 2017, il y en ait eu 1 million de plus si l'on ajoute les étudiants et les SDF – sans domicile fixe – aux statistiques de l'INSEE. Et peu importe que ces pauvres soient toujours plus pauvres. J'invite d'ailleurs le candidat Macron à se joindre à une file d'attente de l'aide alimentaire pour oser expliquer le contraire à ceux qui ont faim et aux bénévoles, qui n'en peuvent plus de suppléer l'État.

Le candidat Macron n'aime pas davantage les chômeurs, donc il durcit les conditions d'accès au chômage et menace la moitié d'entre eux, qui sont rémunérés, de perdre leurs indemnités s'ils n'acceptent pas l'emploi imaginaire censé leur tendre la main de l'autre côté de la rue. Peu importe qu'il y ait eu 284 000 suppressions d'emplois en un an dans notre pays, ou que nombre des emplois qui permettent d'arranger les statistiques du chômage n'aient que la durée de vie d'un éphémère ou ne représentent que quelques heures par semaine.

En revanche, le candidat Macron aime beaucoup ses potes les riches, donc il n'a eu de cesse de leur faire des cadeaux pérennes tout au long de son quinquennat. Peu importe que le patrimoine des 500 plus grandes fortunes du pays ait déjà augmenté de près de 100 % depuis 2017 et de 30 % rien qu'en un an.

En revanche, si le candidat Macron n'aime pas les manants, il les craint. Alors comme, à la veille des présidentielles il ne peut plus cacher le problème de pouvoir d'achat que sa propagande avait tenté de nier, et comme il veut éviter que d'autres gilets jaunes ne perturbent sa fin de règne, il a décidé de sortir deux mesures de son chapeau : celles que l'on retrouve dans ce PLFR. À l'inverse des cadeaux qu'il a faits aux riches, ces mesures sont ponctuelles – surtout, elles sont faibles, inadaptées et même un peu attrape-nigaud. C'est normal, me direz-vous, puisque c'est un peu comme cela qu'il voit les manants.

L'une de ces deux mesures, c'est le rab de 100 euros sur le chèque énergie. Cette mesure est un peu ridicule quand on sait qu'elle ne compense pas du tout la hausse des prix de l'énergie, que le blocage des prix n'intervient qu'après plus de 57 % d'augmentation des prix du gaz en moins d'un an et que 12 millions de personnes en France ont froid chez elles ou peinent à payer leurs factures d'énergie. La mesure est d'autant plus ridicule que ces 100 euros seront en partie financés par les recettes de TVA dues à l'augmentation de ces mêmes prix. Pire, les recettes perdues en raison du bouclier tarifaire seront compensées en 2023 par des tarifs réglementés plus élevés que prévu. En résumé, non seulement ce sont des solutions de court terme et insuffisantes, mais en plus elles sont payées par les consommateurs eux-mêmes – de façon différée, après les élections évidemment.

L'autre mesure cache-misère de ce PLFR, c'est l'indemnité inflation, elle aussi ridiculement basse : elle équivaut à moins de 10 euros par mois pendant un an. Elle aussi est financée par les recettes de la nation, et surtout pas par celles des pétroliers, ainsi que par la TVA récupérée sur la hausse des prix du carburant. Or, le prix du carburant n'ayant pas été bloqué, cette hausse devrait vite dévorer les pauvres 100 euros de tous ceux qui auront le malheur de devoir continuer à remplir leur réservoir.

Bref, hier, une fois que j'en ai eu terminé avec ces trente minutes de campagne du candidat Macron, las de sa propagande et de ses chèques en bois, j'ai fait un rêve.

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