Intervention de Julien Borowczyk

Réunion du mercredi 10 janvier 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Borowczyk :

Monsieur Garot, c'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu votre rapport et que je vous ai écouté en présenter les conclusions. Comme vous, je pense que nous devons nous rassembler autour de projets communs pour lutter contre la désertification médicale et je serais ravi de pouvoir travailler avec vous sur d'autres sujets.

Malheureusement, si l'auscultation a été de bonne qualité, le traitement est homéopathique… Cela étant, mieux vaut prescrire un traitement homéopathique lorsque le diagnostic est erroné ! Reste que, au final, vous envoyez un message de coercition alors que, répétons-le, la coercition tue l'attractivité.

Vous n'avez répondu que partiellement à ma collègue Mireille Robert. C'est comme si vous proposiez de diminuer l'arrosage à Marseille pour lutter contre la sécheresse au Sahel. Vous dites vouloir lutter contre l'installation dans les zones sur-denses mais en aucun cas vous ne garantissez l'installation dans les zones sous-denses.

Il y a aussi un vrai problème de définition. Qu'est-ce qu'une zone sur-dense ? Comment est-elle calculée ? Est-ce un quartier ? Est-ce un cabinet de groupe ? Est-ce une ville ? Prenons une base 100. À partir de là, qu'allez-vous dire aux médecins installés sur place ? À ceux qui sont au-dessus du seuil, allez-vous annoncer que leur cabinet va être supprimé à bref délai ou lorsqu'ils cesseront leur activité ? Vous allez multiplier le nombre de remplaçants car certains médecins persisteront à aller dans des zones attractives. Vous allez peut-être créer, comme c'est le cas pour les pharmacies, un coût au rachat du cabinet.

La coercition est toujours contre l'attractivité : 1 000 médecins libéraux dévissent leur plaque chaque année ; 25 % des gens formés en médecine ne feront jamais de soins. Le tiers payant contribue encore à la baisse de l'attractivité qui est au coeur du problème. Le tiers payant généralisable, pourquoi pas ? Quant au tiers payant généralisé, compliqué à appliquer, présente-t-il un intérêt ? Essayons d'abord d'aider les gens éligibles au tiers payant, notamment via la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), à accéder aux soins.

« Il faut une âme forte et riche en générosité pour résister au découragement qui naît de la déception », disait George Sand… Mettons fin à la déception accumulée des médecins, car ils commencent à se décourager.

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