S'agissant de l'organisation spatiale, monsieur Perrut, vous avez raison de dire qu'il faut être innovant et étudier comment développer la télémédecine. Mais, pour développer la télémédecine, il vaut mieux avoir la fibre et les équipements techniques qui permettent de travailler dans de bonnes conditions.
Vous avez aussi évoqué les consultations avancées, menées par des « cabinets avancés ». Oui, faisons-le ! Mais, pour cela, il faut toujours des médecins… On revient toujours au même problème : il faut du temps médical disponible. On ne peut attendre d'un médecin installé une ville où il a une importante charge de travail qu'il accepte en plus une consultation avancée, car les journées ne font que vingt-quatre heures. Toutes les mesures que vous citez, qui ont toutes leur légitimité et leur justification, ne sont pas, à elles seules, de nature à répondre à l'ampleur et à l'urgence du problème.
M. Joaquim Pueyo l'a dit avec beaucoup de force et de justesse : que répondez-vous, chers collègues, aux Français qui n'ont plus de médecins ? J'ai entendu notre collègue, madame Wonner, dire qu'elle avait vu ses collègues médecins et qu'ils étaient très contents du travail de Mme Buzyn… Soit. Mais venez avec moi, allons voir ensemble les patients, les citoyens et les élus locaux : ils attendent des réponses.
Je ne suis pas certain de l'efficacité des réponses proposées par le Gouvernement. Nous les avons éprouvées depuis dix ans, nous les connaissons. Depuis dix ans, on nous répète qu'il faut faire des maisons de santé. Depuis dix ans ou presque, nous entendons que les médecins doivent accueillir des stagiaires dans leur cabinet. Dans mon département, on a fait tout cela, mais cela ne produit toujours pas les résultats escomptés.
Quant à l'innovation, je veux bien… La télémédecine, c'est très bien, faisons-le. Mais, face à la gravité du sujet, nous ne pouvons nous contenter de solutions qui n'ont pas encore totalement fait leurs preuves. Si l'on veut donner de l'efficacité à ces mesures, il suffit d'un levier et il ne faut que le courage de l'actionner, quelles que soient les difficultés, quelles que soient les résistances. Ce levier, c'est la régulation – je n'ai pas dit la coercition, mais la régulation.
Je vous le redis : si vous ne le faites pas, si nous n'avons pas le courage de le faire, il ne faudra pas s'étonner que, dans peu de temps, viennent des territoires des demandes de politiques beaucoup plus radicales, tendant à la coercition. Car les gens n'en pourront plus. Il faut que vous preniez conscience de ce qu'il se passe sur le terrain.
Il ne s'agit pas de défendre des intérêts particuliers : nous sommes en charge de l'intérêt général. Nous voulons seulement ne nous interdire aucune solution. Voilà le message que je veux vous faire passer ce matin.
Puisque vous parlez d'innovation, ne devons-nous pas reconnaître que la régulation est une forme d'innovation ? Car c'en est une, en tout cas dans le domaine de la médecine… Soyez donc innovants, allez au bout de votre logique et suivez-nous là-dessus ! Et quand je parle de logique, chers collègues du groupe de la République en Marche, souvenez-vous que bon nombre de votre groupe, lorsqu'ils étaient encore socialistes, ont signé il y a dix-huit mois un amendement en faveur de la régulation…