Des vitrines vides, des rideaux de fer baissés, des panneaux « À louer » et « À vendre » : ces images ont intégré le quotidien de nombreux Français, surtout ceux qui vivent dans les villes moyennes. Pour reprendre les termes d'Olivier Razemon, « la France a tué ses villes ». Elle les a tuées en laissant s'accroître jour après jour la fracture territoriale, surtout depuis les années 1960.
Un accès dégradé aux services publics, aux transports et aux formations, une désertification médicale se renforçant chaque année, même en ville, des zones blanches isolant les publics vulnérables, la fermeture de commerces en centres-bourgs… Certains territoires cumulent les handicaps alors que les métropoles parviennent, elles, à maintenir les conditions de vie de leurs habitants à un bon niveau.
Vingt-sept villes françaises sont considérées aujourd'hui comme « très désertifiées ». Le taux de vacance en centre-ville y est supérieur à 15 %. Par-delà ce constat, je souhaite surtout rappeler la lutte quotidienne de l'artisan, du commerçant ou du restaurateur pour maintenir son activité et ses emplois.
Il faut repenser le centre-ville comme un projet de société en soutenant la complémentarité de l'offre, ce qui suppose de s'éloigner du mass-market pour tendre vers le mix-produit et de promouvoir une logique selon laquelle le centre-ville et la zone commerciale ne sont pas mis en concurrence, mais complémentaires. Nous devons aussi mener une réflexion sur la concurrence féroce du e-commerce, à laquelle le Gouvernement ne s'attaque toujours pas.
Monsieur le ministre, vous avez annoncé un plan national, « Action coeur de ville », pour contribuer à la revitalisation des centres-villes. Des communes de taille moyenne élaborent leurs dossiers de candidature. Tel est d'ailleurs le cas de ma ville de Saint-Quentin, dans l'Aisne, qui présente tous les critères d'éligibilité et dont je soutiens la candidature portée par Mme le maire.
Afin d'ouvrir le débat et de compléter votre démarche, monsieur le ministre, je vous pose deux questions simples. Êtes-vous prêt à réformer le fonctionnement des commissions départementales d'aménagement commercial, dont les arbitrages sont trop souvent défavorables au maire de la ville concernée ? Êtes-vous favorable à la mise en place d'un moratoire de plusieurs mois sur l'expansion des zones commerciales périphériques ?