Monsieur le ministre, je ne vous rappellerai que trois chiffres, car ils sont suffisamment éloquents.
Le taux de vacance commerciale dans les centres-villes a augmenté de 63 % en quatre ans. À chiffre d'affaires égal, la grande distribution crée trois fois moins d'emplois que le commerce de proximité. Enfin, 2,5 millions de mètres carrés de nouvelles surfaces commerciales sont prévus d'ici à 2021. Oui, 2,5 millions de mètres carrés, vous avez bien entendu !
Nos centres-villes souffrent et la multiplication des autorisations d'ouvertures en périphérie en est une des causes majeures. La désertion des centres-villes par les commerces est à la fois la cause et la conséquence d'un mécanisme de paupérisation qui a des effets négatifs non seulement en termes d'emploi et d'activité, mais également en termes d'écologie, de finances publiques – on investit dans les centres-villes en laissant par ailleurs se développer un urbanisme commercial de périphérie – , de tourisme et d'attractivité des centres-villes, d'habitat, voire de lien social.
À Béziers, le taux de vacance commerciale est passé de 27 % il y a trois ans à 17 % aujourd'hui. C'est encore trop, mais nous sommes sur la bonne voie. Encore faut-il nous aider.
Je m'appuierai sur un seul exemple : les zones franches. Monsieur le ministre, un bilan en a-t-il été tiré ? À Béziers, l'échec est total. Elles ont vidé le centre-ville des professions libérales et des petites entreprises. Elles ont accéléré la paupérisation du coeur de ville sans résoudre, loin s'en faut, ni le problème du chômage ni celui de l'intégration des habitants de ces quartiers. Cela n'a pas empêché l'État de les reconduire en 2016, contre l'avis du maire et des acteurs économiques locaux et alors même que notre centre-ville est un quartier prioritaire d'intérêt national.
Le constat est le même à Montpellier : on retrouve par exemple dans le quartier de La Paillade toutes les études d'huissier de la ville, barricadées derrière des grillages et des systèmes de vidéosurveillance, attirées par l'effet d'aubaine fiscale sans aucun résultat sur le quartier.
Monsieur le ministre, êtes-vous prêt à adopter un moratoire sur l'installation des grandes surfaces au-delà d'un certain pourcentage de vacance commerciale ? Pouvez-vous dresser un bilan de l'efficacité des zones franches ? Enfin, êtes-vous prêts à associer pleinement les maires concernés aux mesures à adopter pour sauver nos coeurs de ville ?