J'abonderai dans le sens de mon collègue. Depuis quatre ans, le groupe Socialistes et apparentés a tenté, à l'occasion de presque toutes ses niches parlementaires, de lancer le débat autour de la régulation de l'installation, du conventionnement sélectif, et par exemple de l'obligation pour les jeunes médecins d'exercer leur métier, au cours des premières années, pendant une courte période, dans des zones où l'on manque de médecins.
Dans les années 1990, l'écart de l'espérance de vie entre un hyperurbain et un hyper-rural était de trois mois ; il est aujourd'hui d'un an et trois mois. La situation s'aggrave. Dans certains départements, par exemple, il n'y a aucun ophtalmologiste.
Malheureusement le débat sur ces questions nous a été continûment interdit. Je le regrette car je constate que ce qui pouvait apparaître au départ comme une idée orpheline a fait école sur les bancs de l'Assemblée. Il ne reste guère que la majorité pour ne pas envisager de prendre les dispositions nécessaires.
Nous avons tout essayé : les mesures d'incitation et d'accompagnement de l'installation ou encore les solutions d'installation collective de soignants spécialisés dans différentes disciplines. Mais nous n'y arrivons pas. Il nous faudra attendre à tout le moins dix ans pour voir arriver des médecins supplémentaires.
Nous pourrions au moins discuter d'une mesure transitoire, négociée. Hélas, ces débats sont interdits. Ils concernent pourtant les Françaises et les Français. Je pense aux déserts médicaux mais aussi aux services d'urgences qui, en ce moment, ferment – en particulier la nuit – les uns après les autres, faute de médecins, à cause de l'épuisement des personnels. Lors du dernier congrès des maires, plusieurs d'entre eux nous ont dit : « La République ne passe plus par chez nous. »