Monsieur le ministre de l'éducation nationale, ma question porte sur la mise en place de la plateforme Parcoursup, qui succède à l'application APB – Admission postbac. Comment, monsieur le ministre, cette application pourrait-elle garantir l'égalité entre les futurs étudiants ?
Comment le pourrait-elle, en effet, alors qu'elle a été mise en place dans la plus grande précipitation, sans même attendre que la réforme dont elle procède ait été définitivement votée par le Parlement ?
Comment cette plateforme pourrait-elle garantir l'égalité entre les étudiants puisque, désormais, le diplôme national du baccalauréat n'est plus le ticket d'entrée dans l'enseignement supérieur ?
Comment pourrait-elle garantir l'égalité des futurs étudiants alors qu'elle introduit, malgré vos dénégations, une sélection entre les élèves fondée sur des critères opaques, variables d'une région, d'un établissement à l'autre ?
Comment pourrait-elle garantir l'égalité entre les étudiants alors que ces critères de sélection ne seront pas tant académiques que psychologiques ou sociaux ?
Alors que l'enseignement supérieur est un droit dont doivent pouvoir jouir les jeunes citoyens, sans autre condition que l'obtention du baccalauréat, Parcousup demande aux candidats une lettre de motivation, un projet d'étude dont ni vous ni moi n'aurions peut-être été capables en notre temps. Ces savoir-faire qu'on demande aux futurs étudiants sont socialement particulièrement discriminants et ils feront leur oeuvre : fermer davantage encore l'enseignement supérieur aux jeunes issus des classes populaires.
Vous prendrez bien sûr prétexte des désastres d'APB et de l'iniquité du tirage au sort. Mais nul n'est dupe : qui veut tuer son chien l'accuse de la rage. Les libéraux voulaient la peau de l'université comme service public ; ils en ont organisé la ruine.
Alors que l'accroissement de la population imposait que l'université ouvrît des places, les investissements ont été refusés. Alors que notre pays n'a que sa matière grise, ces choix délibérés grèvent notre capacité à faire face aux défis de l'avenir et portent atteinte à la promesse républicaine d'égalité entre les citoyens.
Devant ces faits, monsieur le ministre, prétendrez-vous que Parcoursup garantira l'égalité entre les futurs étudiants ?