Intervention de Véronique Louwagie

Séance en hémicycle du mardi 23 novembre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2021 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Louwagie :

…qu'ils travaillent ou non ! De cette façon, un étudiant qui a accès aux transports en commun ou un retraité qui ne prend plus sa voiture vont donc toucher autant que l'habitant d'un territoire rural qui fait un plein ou plus par semaine, simplement par ce qu'il doit prendre sa voiture tous les jours pour aller travailler.

Ce chèque ne tient pas compte non plus du nombre de personnes qui composent le foyer : ainsi, une mère célibataire qui doit multiplier les déplacements en voiture pour conduire ses enfants touchera le même montant qu'une personne qui vit seule. Ces 100 euros seront en tout cas bien dérisoires pour les familles dont la facture en essence, gaz ou électricité s'est alourdie de 600, 700, voire 800 euros rien que sur l'année 2021.

Ce chèque rate donc complètement son but en n'étant absolument pas ciblé sur ceux qui en ont le plus besoin ! Plutôt que d'arroser le pays d'argent public, sans distinction, votre gouvernement aurait été plus avisé de baisser les taxes sur les carburants. Car il est tout de même surréaliste que l'État distribue des chèques aux Français pour qu'ils puissent payer des taxes qui reviennent ensuite… à l'État ! Car, je vous le rappelle, les taxes représentent 60 % du prix à la pompe et 30 % du prix de la facture de gaz ou d'électricité. Je vous rappelle également que c'est votre gouvernement qui a augmenté les taxes sur les carburants de 3,8 milliards d'euros au 1er janvier 2018, une hausse massive sur laquelle vous n'êtes jamais revenu.

Les députés Les Républicains vous ont proposé une mesure plus juste et plus simple, à savoir la suppression des taxes sur les taxes, notamment la suppression de la TVA sur la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Cela aurait permis de baisser de 12 centimes le prix du litre de carburant, soit, pour une famille, une économie annuelle de 280 euros sur la facture de carburant et de 60 euros sur la facture de gaz ou d'électricité, mais vous l'avez refusée !

Je salue également les avancées très intéressantes du Sénat, qui proposait de remplacer ce chèque inflation par une aide beaucoup plus ciblée sur les ménages qui en ont le plus besoin. Leur proposition avait un triple avantage : elle évitait de pénaliser les entreprises à qui vous voulez imposer de verser elles-mêmes ce chèque ; elle aidait trois fois plus les familles modestes qui travaillent et qui doivent se déplacer quotidiennement ; enfin, elle coûtait bien moins cher aux finances publiques.

Mais, comme chaque fois, vous vous apprêtez, par pur sectarisme, à écarter toutes les propositions du Sénat, même quand il s'agit de mesures d'économies. Cela confirme que notre dette, pourtant vertigineuse, est vraiment devenue la dernière de vos priorités et de vos préoccupations. Je ne suis d'ailleurs pas la seule à le déplorer. Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) regrette également que le surcroît de recettes fiscales lié au dynamisme de la reprise n'ait absolument pas été consacré au désendettement, comme il l'avait pourtant préconisé.

Finalement, de renoncement en renoncement, notre dette s'apprête à franchir la barre symbolique des 3 000 milliards d'euros, soit près de 45 000 euros de dette par Français. C'est simple, vingt-quatre des vingt-sept pays de l'Union européenne sont désormais moins endettés que nous.

À l'inverse, les dépenses nouvelles s'emballent de manière totalement irresponsable, nous prouvant, chaque jour un peu plus, que le Président de la République est déjà en campagne.

Pour toutes ces raisons, vous l'avez compris, les députés Les Républicains voterons contre ce PLFR.

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