Monsieur le ministre, en octobre dernier, j'ai été reçu à Matignon par les services du Premier ministre pour aborder la question que j'ai soulevée concernant l'affectation et la mutation des fonctionnaires ultramarins. Je suis personnellement sollicité à propos de difficultés rencontrées par de jeunes ultramarins qui ont été affectés dans l'hexagone après l'obtention de leurs concours.
Je citerai le cas d'une jeune mère de famille qui a douloureusement abandonné son concubin, sa maison, ses biens pour venir dans l'Hexagone prendre son poste d'affectation. Mais, pis, le père est depuis séparé de son enfant de trois ans. Un autre cas, très récent, concerne un couple marié depuis un an, que j'ai rencontré ; le mari est fonctionnaire territorial et la femme, qui accouchera dans quelques semaines, va être affectée en région parisienne du fait de sa réussite à un concours national. Là encore, il faudra faire un choix douloureux entre la famille et l'emploi puisqu'aucune solution n'a été trouvée.
Si l'on peut évidemment imaginer que, sur le territoire hexagonal, les fonctionnaires puissent retrouver leur famille chaque week-end lorsqu'ils travaillent loin de leur foyer, on conçoit difficilement qu'il en aille de même pour les ultramarins.
Aussi, monsieur le ministre, au regard des expériences vécues, des divorces, du fait que certains fonctionnaires renoncent à leur poste, des familles brisées, de la séparation entre les enfants et leurs parents, peut-on penser que cette gestion coloniale, connue de tous, est encore acceptable ? Non ! Donc il est temps, à mon sens, de penser à des concours à affectations régionales, ainsi qu'à un renforcement des dispositions trop timides de la circulaire sur les centres d'intérêts matériels et moraux des fonctionnaires outre-mer.
Ne serait-il pas temps, monsieur le ministre, d'abolir enfin cette injustice qui continue à faire des ravages dans les outre-mers ?