Intervention de Sébastien Nadot

Séance en hémicycle du jeudi 25 novembre 2021 à 9h00
Pour la conservation et l'utilisation durable de l'océan — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Nadot :

Les océans, qui produisent la moitié de notre oxygène, régulent le climat et la température de la Terre. Ils sont depuis longtemps notre meilleur allié dans la lutte contre le changement climatique.

Aujourd'hui, cet allié est négligé. Nous sommes inquiets car ces poumons bleus menacent de suffoquer. Ils ont joué, ces soixante-dix dernières années, un rôle fondamental de régulation face au réchauffement climatique. Plus de 93 % de la chaleur générée par les activités humaines depuis les années 1950 a ainsi été absorbée par les océans. Mais jusqu'à quand pourront-ils continuer à assumer cette fonction ?

Sur ce point, les incertitudes sont nombreuses. Une chose est sûre, toutefois : le milieu marin a de plus en plus de difficulté à contenir les effets du dérèglement climatique.

Nous assistons à une hausse inquiétante du niveau de la mer. Et les territoires d'outre-mer sont en première ligne face à cette catastrophe écologique. Certains voient déjà leurs terres se faire progressivement grignoter par les vagues. La Martinique, par exemple, pourrait perdre 5 % de sa superficie d'ici à 2100 sous l'effet combiné de l'érosion et de la montée des eaux. Quant aux îles françaises du Pacifique, elles sont nombreuses à risquer d'être submergées.

Le réchauffement des eaux modifie, en outre, la chimie de l'océan et conduit à son acidification. Cela réduit la capacité des organismes marins comme les moules, les crustacés et les coraux, à se calcifier. Ce n'est pas anecdotique. Si ces derniers représentent à peine 1 % de la surface des océans, 25 % des espèces marines en dépendent. Leur détérioration, nous le savons déjà, aura des conséquences sur les activités essentielles que sont la pêche et le tourisme.

Ces activités sont par ailleurs menacées par une pollution excessive, notamment du plastique. Selon les estimations de la fondation Ellen MacArthur, les océans pourraient ainsi contenir plus de plastique que de poissons d'ici à 2050.

Mais ce n'est pas le seul problème. Les excès de fertilisant provenant des égouts et des rejets agricoles ont également entraîné une multiplication des zones à faible teneur en oxygène où la majeure partie de la vie marine est compromise, ce qui entraîne la destruction de certains écosystèmes.

Face à ces constats alarmants, une priorité s'impose : protéger l'océan.

Cela passe par la mise en œuvre, au niveau national, d'une politique ambitieuse de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution des eaux. Sur ce point, mon groupe a eu l'occasion, à de multiples reprises, de souligner les insuffisances de la politique gouvernementale. Nous appelons, une fois de plus, à rehausser l'ambition environnementale.

Cela passe également par une mobilisation de la communauté internationale. L'océan est un bien commun dont la protection nécessite la mise en place d'un cadre collectif. À cet égard, les négociations menées dans le cadre des Nations unies afin de définir les bases d'une gouvernance commune pour la haute mer ont une grande importance.

Le système actuel est faible, fragmenté et inadapté pour répondre aux menaces qui pèsent désormais sur nous. À l'instar des auteurs de cette proposition de résolution, nous considérons qu'il est urgent de le réviser.

Les négociations ont été freinées par la crise sanitaire, nous le comprenons. Mais la crise de la biodiversité nous impose d'agir vite. Il faut mener les négociations jusqu'à leur terme et parvenir à un accord permettant de lutter, en haute mer, contre les effets du changement climatique, la pêche illicite et la surpêche, la pollution plastique ou encore la perte des habitats.

Si nous appelons à accélérer les discussions, nous ne perdons pas de vue la nécessité de conclure un accord à la hauteur des enjeux précités. Il revient au Président de la République, qui s'est présenté à de nombreuses reprises sur la scène internationale comme un grand défenseur de la cause climatique, de jouer un rôle moteur dans ces négociations. Alors que les grands fonds marins représentent près de la moitié de la surface de la terre, la France doit être à l'avant-garde dans la défense de standards de protection environnementale ambitieux.

La bonne gouvernance du grand bleu est une condition pour l'avenir de l'humanité. C'est pourquoi le groupe Libertés et territoires, convaincu de la nécessité d'un sursaut politique pour l'océan, votera cette proposition de résolution pour la conservation et la gestion durable des océans.

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