Intervention de Bruno Bilde

Séance en hémicycle du jeudi 25 novembre 2021 à 9h00
Pour la conservation et l'utilisation durable de l'océan — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Bilde :

Notre puissance maritime constitue un atout extraordinaire pour la France et un des piliers de notre rayonnement national. En effet, notre espace maritime, avec près de 11 millions de kilomètres carrés, est le deuxième au monde après celui des États-Unis, soit l'équivalent de vingt fois la superficie de la France métropolitaine. J'ai une pensée particulière pour les outre-mer car elles permettent à la France d'être présente non seulement en Europe mais aussi en Amérique, en Afrique et en Océanie. Certains l'oublient trop souvent, mais la France est grande aussi de ces départements et territoires d'outre-mer que nous avons toujours défendus. Nous sommes plus que jamais déterminés à défendre cette part de France délaissée par la République. Un tel espace maritime nous apporte des ressources exceptionnelles et nous offre un avantage stratégique sans commune mesure.

Pourtant, l'océan est trop souvent considéré comme marginal, comme une simple délimitation de la Terre, alors que c'est une porte ouverte sur le monde. Et si l'océan est fragilisé, c'est aussi 14 % du PIB et 300 000 emplois liés à l'économie de la mer qui sont menacés dans notre pays. Le constat est clair : les mers sont un atout formidable pour le monde de demain, mais les moyens pour les défendre et pour les préserver sont insuffisants. Rappelons qu'elles contiennent 80 % de la biodiversité existante ; leur préservation doit être une préoccupation de tous les instants pour lutter contre la pollution et la destruction de la biodiversité marine ! Or le dérèglement climatique et l'élévation du niveau des océans menacent directement les écosystèmes mais aussi les habitants des zones côtières.

À cet égard, la proposition de résolution est une bonne chose car elle met légitimement en exergue la nécessité absolue de préserver les océans. Nous la voterons, mais avec un bémol : ce n'est pas en déléguant la majorité de nos prérogatives à une Union européenne de plus en plus repliée sur elle-même que nous parviendrons à une gestion durable de la mer ! La France souveraine doit s'emparer de ce sujet pour construire une France innovante et audacieuse. Les ravages du dérèglement climatique pourraient être limités si l'on acceptait de remettre en cause la mondialisation et le modèle économique de libre-échange, structurellement mauvais pour l'environnement. Or ceux qui s'érigent en porte-étendard de la protection de l'environnement ratifient en parallèle tous les traités de libre-échange qui permettent de précipiter des milliards de tonnes de déchets sur nos territoires et dans les océans. Produire en un point A, dans des pays ne respectant aucune norme environnementale, pour transformer en un point B avant d'acheminer chez nous ces productions pour leur consommation nuit à la planète. Au contraire, le localisme, qui consiste à produire au plus près des lieux de consommation, est l'assurance d'une diminution immédiate des émissions polluantes, ne serait-ce que par la réduction des flux de transport et par la garantie, d'un bout à l'autre de la chaîne, du respect des normes environnementales.

Il faut dorénavant s'attaquer au fond du problème, à savoir la mondialisation ultralibérale, afin de réduire définitivement l'impact de celle-ci sur nos écosystèmes marins. La défense des océans n'est pas un combat de niche, mais l'aboutissement du combat des nations contre une mondialisation qui n'obéit qu'aux logiques financières !

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