Intervention de Sébastien Nadot

Séance en hémicycle du jeudi 25 novembre 2021 à 9h00
Évolution de la formation de sage-femme — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Nadot :

« Ventrières », « accoucheuses », « matrones » : voilà des mots par lesquels, pendant des siècles, on désignait les sages-femmes, qui pratiquaient alors l'art de l'accouchement à domicile. Depuis, leurs missions vitales ont fait l'objet d'une longue et progressive professionnalisation. En revanche, la reconnaissance de la valeur scientifique de leur métier fut lente et tardive.

Pire, le faible investissement du champ obstétrique par les hommes explique en grande partie la marginalisation de ce savoir à la fois empirique et immense. Un tel phénomène a, encore aujourd'hui, des répercussions sur le manque de considération dont souffre la profession : le métier de sage-femme a paradoxalement perdu en autonomie à mesure qu'il gagnait en technicité, et il traverse désormais une vraie crise d'attractivité. C'est cette évolution qu'il nous faut corriger.

En d'autres termes, il est temps de sortir les sages-femmes de l'entre-deux dans lequel elles se trouvent. Leur profession s'est en effet transformée sous l'effet d'avancées médicales mais aussi au gré des avancées sociales qui se sont accomplies en faveur des femmes ; elles ont alors été de plus en plus investies dans la santé sexuelle des femmes, à toutes ses étapes et sous tous ses aspects : prévention, contraception ou encore IVG.

L'histoire des sages-femmes, c'est l'histoire des femmes et celle de la reconnaissance de leur santé comme enjeu social. Cependant, nous ne pouvons pas continuellement étendre leur champ d'intervention, leurs compétences et leurs responsabilités sans améliorer ni leur formation ni leur rémunération ni leur statut. Une telle situation se fait au détriment des sages-femmes, qui peinent à assumer leurs tâches dans de bonnes conditions, mais aussi des femmes elles-mêmes au moment où elles ont le plus besoin d'être accompagnées.

Le groupe Libertés et territoires ne peut donc que saluer l'inscription d'une telle proposition de loi à l'ordre du jour, ainsi que le travail sérieux et l'engagement constant de la rapporteure, Annie Chapelier. L'adoption du texte permettra d'abord d'avancer sur la question de la formation, en achevant l'intégration universitaire des sages-femmes, débutée en 2009 mais jamais aboutie, dans l'objectif de mettre fin à l'hétérogénéité de l'enseignement sur le territoire et de décloisonner les formations en santé.

Mais l'inscrire dans la loi ne suffira pas : y parvenir supposera une vraie volonté politique de la part du ministre des solidarités et de la santé et de la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation – volonté qui a jusqu'ici fait défaut.

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