La politique de santé de la République est fondée sur la volonté d'assurer à chaque femme et à chaque homme, sur tout le territoire, la possibilité d'être et de demeurer en bonne santé et de se voir offrir les meilleures conditions de prise en charge sanitaire et médico-sociale.
Dans cette perspective, que dire de notre politique de santé en matière d'obstétrique ? Deux femmes sur trois se disent insatisfaites de leur prise en charge au moment de l'accouchement, et sept étudiantes sages-femmes sur dix souffrent de symptômes dépressifs. Ce mal-être commun aux professionnels et aux parturientes est notamment lié à une très forte médicalisation de la naissance.
Au travers de leurs revendications, les sages-femmes souhaitent revenir à leur cœur de métier : la physiologie. Les patientes, elles, souhaitent davantage de personnalisation et une réappropriation de ce moment si particulier et si déterminant de la vie d'une mère et de son enfant qu'est la naissance.
Les sages-femmes exercent une très belle profession, mais une profession en souffrance, qui n'a pas toujours la considération qu'elle mérite, y compris sous l'angle de la formation.
Quant à notre nomenclature des activités, en contradiction avec le code de la santé publique, elle ne reconnaît pas cette profession comme une profession médicale. Étonnant, quand on pense à tout ce que font les sages-femmes au quotidien : naissances, suivis gynécologiques, contraception, orthogénie, procréation médicalement assistée, rééducation périnéale, prévention sexuelle et reproductive. À ces tâches, il faut encore ajouter les nouvelles missions qui leur ont été confiées au cours de ce mandat : consultation en premier recours, IVG, contraception, vaccination, prescription d'arrêts de travail et de dispositifs médicaux, dépistage des maladies sexuellement transmissibles (MST), ainsi que leur fonction de sage-femme référente ou leur rôle dans les maisons de naissance.
Puisque les compétences et les nouvelles technologies scientifiques et médicales évoluent, une mise en cohérence de leur formation dans un cadre rénové paraît nécessaire.
En se focalisant sur la formation, ce texte évite deux écueils majeurs : sur la méthode, loin des mastodontes législatifs ou des propositions de lois erratiques, il se focalise sur une question claire ; sur le fond, en se concentrant sur la formation, il s'attaque à la base du métier et s'inscrit dans le temps long. C'est loin d'être anodin, car nous savons que, dans un contexte de désertification médicale, l'essentiel des réponses se trouveront dans la formation, et ce pour toutes les professions de santé.
D'une manière générale, la santé publique doit devenir, davantage qu'elle ne l'est aujourd'hui, horizontale et collaborative. Les milliers de professionnels de santé qui maillent la France, toutes disciplines confondues, ont été formés et diplômés. Tous, médicaux et paramédicaux, doivent être regardés comme des acteurs à part entière de notre système de santé et de son organisation territoriale. La pluridisciplinarité est une richesse, à laquelle il convient de donner une place de choix à l'hôpital, comme en ambulatoire.
Trop souvent, les professionnels de santé sont enfermés dans un métier ou une spécialité au sein desquels il est extrêmement compliqué d'évoluer et dont il est difficile de sortir. Ce cloisonnement des métiers ne permet pas aujourd'hui d'offrir à tous les professionnels de santé une carrière à la hauteur de leurs motivations.
L'enrichissement réciproque entre disciplines médicales et paramédicales doit intervenir au plus tôt, dès le commencement de la formation des étudiants en santé. C'est pourquoi il est essentiel d'« universitariser » la formation des paramédicaux pour permettre à tous les étudiants d'intégrer les parcours licence-master-doctorat.
Derrière ce barbarisme, c'est l'attractivité des formations et des métiers qui est en jeu. Derrière cette attractivité, c'est l'amorce d'un véritable dialogue et d'une organisation pluridisciplinaire et horizontale qui sont concernés. Derrière cette organisation, c'est l'excellence de notre système de recherche et l'accès au soin en France qui se jouent.
C'est pourquoi, madame la rapporteure, le groupe Les Républicains approuve la création d'un troisième cycle d'études et la volonté d'aligner la formation des sages-femmes sur les autres formations universitaires médicales. Nous nous réjouissons également de la possibilité qui leur est offerte d'accéder à des postes d'enseignant-chercheur.
Notre groupe votera donc ce texte.