Monsieur le ministre, l'augmentation de 2 800 postes dans le primaire, qui se justifie par la priorité mise sur la lecture et les acquis fondamentaux, est positive et devrait permettre de répondre à l'objectif fixé. Toutefois, un mal profond ronge l'institution scolaire depuis des années : le métier de professeur ne fait plus rêver et le recrutement de titulaires est en crise. En 2017, n'ont été pourvus que 36 % des postes d'allemand, 37 % des postes de lettres classiques, 71 % des postes d'anglais, 74 % des postes de mathématiques et 88 % des postes de lettres modernes.
Outre que l'on peut se poser des questions sur la qualité du recrutement, au vu du faible ratio entre nombre de candidats et de reçus, dans certaines matières pourtant aussi fondamentales que les mathématiques ou les lettres, la baisse de 2 600 postes liée aux postes non pourvus nécessite de recourir, en contrepartie, à des vacataires et contractuels. Cela renforce la précarisation des personnels, de plus en plus visible dans les établissements.
Sur le terrain, certains contractuels avancent par ailleurs, à tort ou à raison, qu'au moment où la loi Sauvadet contraint l'État à transformer leur contrat en contrat à durée indéterminée, il leur est étrangement plus difficile de trouver un nouveau poste à la rentrée et ils ne peuvent plus alors bénéficier de la loi. D'autres, tentés par des concours internes ou réservés, y renoncent, par crainte d'un changement d'académie alors qu'ils cumulent des années de contrat dans la même académie et s'y trouvent bien installés. Par conséquent, ils sont nombreux à s'installer pour longtemps à côté des titulaires, dans une précarité de longue durée. Les équipes éducatives sont donc de plus en plus constituées de personnels assez peu stables et aux statuts différents.
On sait qu'il est question depuis longtemps de réserver au lycée les postes d'agrégés. Qu'en est-il ?
Les mesures de revalorisation de carrière ont été les bienvenues pour pallier cette crise profonde du recrutement, mais peuvent-elles suffire à redonner de l'attractivité à un métier dont l'image a été singulièrement écornée, en trente ans, par la complexité accrue des conditions de travail, avec les faits de violence, les classes surnuméraires et les relations parfois complexes avec certains élèves ou parents ? Que prévoit donc le Gouvernement pour remédier de façon efficace et pérenne à ces problèmes de recrutement, alors que l'éducation reste le pilier indispensable et la priorité de notre démocratie pour former à la citoyenneté et aux valeurs de la République ?
Je vous remercie pour votre volontarisme, monsieur le ministre.