La proposition de résolution que nous examinons est la conséquence d'un mensonge – un mensonge arrimé à une ancienne vérité, devenue petit à petit un mythe. Jusqu'en mars 2020, nos gouvernants et les ministres de la santé successifs, de Roselyne Bachelot à Olivier Véran en passant par Agnès Buzyn, fanfaronnaient en assurant aux Français qu'ils détenaient le meilleur système de santé du monde. Cette médaille d'or devait justifier le montant de nos dépenses de santé et notre statut de première puissance fiscale mondiale. Les Français pensaient légitimement que s'ils payaient autant d'impôts, cela devait bien être pour quelque chose !
La crise sanitaire a balayé la propagande gouvernementale comme un fétu de paille et révélé l'ampleur du désastre : des hôpitaux au bord de la rupture en quelques semaines, des soignants envoyés au front sans protection, des médecins contraints d'utiliser des sacs poubelle pour confectionner des surblouses, des stocks de masques fantômes. Par la faute des politiques de rentabilité qui ont fait de la santé une donnée marchande et comptable, nous avons dû aborder un conflit sans armes ni munitions.
Dans la tempête, l'État a organisé des transferts de patients entre les régions, dévoilant par là même les territoires affaiblis par des années de casse sanitaire. Ainsi, au plus fort de la crise, des patients ont été évacués vers nos voisins européens, notamment l'Allemagne, la Belgique ou le Luxembourg, mais aussi la Suisse.
Si ces transferts effectués en urgence ont représenté une bouée de sauvetage pour des dizaines de Français gravement atteints par l'épidémie, il n'en demeure pas moins que cette réalité témoignait d'un déclassement préoccupant et d'une fragilité hallucinante de notre pays autrefois fort, fier et autonome.
N'en déplaise aux auteurs de cette proposition de résolution, l'enjeu sanitaire ne dépasse pas le cadre national. La santé, c'est la sécurité des Français. Et la sécurité des Français est de la responsabilité de l'État régalien et souverain. Comme dans les domaines économique, diplomatique et militaire, les européistes, adorateurs du fédéralisme, instrumentalisent chacune de nos faiblesses actuelles pour demander à grands cris plus d'Europe, encore plus d'Europe, toujours plus d'Europe ! Pourtant, l'Europe a démontré tout au long de la pandémie son incapacité chronique à protéger les peuples européens. Son action tardive a été émaillée par des fiascos à répétition, que ce soit sur les commandes de masques, les tests ou, pour finir, les vaccins.
Aussi est-il urgent, au lieu de disserter sur la mutualisation des faiblesses et de nouvelles pertes de souveraineté en gestation, de réarmer l'État, de sauver l'hôpital public, de revaloriser les métiers du soin, d'investir massivement dans la recherche ou encore de lutter concrètement contre les déserts médicaux. L'idée n'est pas de définir une politique de santé commune avec la Lituanie ou la Finlande, mais de permettre aux habitants du Pas-de-Calais ou de la Creuse de bénéficier du même droit à la santé.
Plus que jamais, nous avons besoin de bonnes résolutions – mais de résolutions nationales !