Nous entamons aujourd'hui la lecture définitive du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Une lecture définitive mais aussi expéditive, avec ce sentiment tenace qu'encore une fois – une fois de trop – ce projet de loi de financement passe à côté des besoins réels des Français.
Il est conforme, à bien des égards, à l'idée comptable que l'on peut se faire d'un budget. Si nous devions vous noter sur vos talents d'expert-comptable, vous auriez de fortes chances de réussir l'examen haut la main. Mais comme il s'agit de la santé des Français, et finalement de la capacité à financer notre système de soins et de sécurité sociale, nous entendons en filigrane, dans vos arguments et vos présentations, article après article, amendement après amendement, l'injonction que vous adressez aux Français : « Haut les mains ! C'est un hold-up ! »
Le contexte des vingt-deux derniers mois aurait pourtant dû vous éclairer, vous inciter à retirer les œillères ultralibérales qui vous permettent, texte après texte, d'avancer sans vous soucier de l'attente de nos concitoyens ni voir le désarroi. Or celui-ci conduit parfois à la colère, comme nous pouvons le voir dans les départements et territoires d'outre-mer où, après des années d'abandon, vous envoyez les forces de l'ordre sans résoudre la pénurie de soignants, ni réparer les hôpitaux pour les rendre fonctionnels et opérationnels – ne parlons pas de l'accès à l'eau –, ni tenter de comprendre la défiance que vous n'avez cessé d'alimenter.