La participation de Taïwan au travail des organisations internationales et aux forums mondiaux, comme cela est demandé à travers la proposition de résolution, est très attendue. Taïwan est devenu un maillon indispensable au système mondial de sécurité. Son exclusion continue d'Interpol compromet les efforts mondiaux en matière de lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue, la fraude dans le secteur des télécoms, la cybercriminalité et d'autres nouvelles formes de criminalité transnationale, mettant en péril l'intégrité et l'efficacité du réseau de sécurité international. La participation de Taïwan à l'OACI est aussi une question de sécurité aérienne.
Par ailleurs, Taïwan a la capacité, la volonté et devrait donc avoir le droit de contribuer aux efforts permettant d'assurer à notre planète un développement durable en s'intégrant aux mécanismes internationaux favorisant la mise en œuvre de l'accord de Paris. Taïwan bénéficie d'une expertise reconnue dans de nombreux domaines, dont la communauté internationale doit pouvoir bénéficier le plus rapidement possible.
L'épidémie de coronavirus l'a bien mis en évidence. Taïwan est l'un des rares pays qui a réussi à mettre en place la seule politique qui permet de lutter efficacement contre le coronavirus – tester, tracer, isoler, protéger –, parce qu'elle l'a déployée dès le premier jour, sans passer par la contrainte. Cela a été réalisé avec la confiance de ses 23 millions d'habitants. Dès le 31 décembre 2019, le gouvernement de Taïwan – fort de ses expériences face au SRAS en 2003 et au virus H1N1 en 2009 – a alerté l'OMS sur la possibilité d'une transmission interhumaine du virus apparu à Wuhan, sans être entendu, ce qui signifie que la mise à l'écart de Taïwan des réflexions et des actions conduites par l'OMS continue à nuire aux intérêts de la communauté internationale. Plus le temps passe et plus les preuves s'accumulent, établissant que l'institut de virologie de Wuhan travaillait à des expériences de gain de fonction dans des conditions de biosécurité très insuffisantes. Pire encore, des sanctions économiques et commerciales sont prises contre les pays qui demandent officiellement une enquête indépendante sur les origines du covid-19. C'est le cas de l'Australie, à l'encontre de laquelle des mesures économiques coercitives ont été prises en 2020 par la Chine concernant des produits sensibles.
La France, à travers les propos du ministre de l'économie, des finances et de la relance, Bruno Le Maire, dans le Financial Times, tente d'expliquer que les États-Unis voudraient affronter la Chine, quand l'Union européenne voudrait quant à elle dialoguer avec elle, oubliant qu'il y a un gouffre entre les désirs et la réalité. Nos échanges interviennent au moment où les tensions autour de Taïwan en mer de Chine et dans la zone d'identification de défense aérienne atteignent un niveau record.
Le 16 novembre, M. Zhang Ming, l'ambassadeur de Chine auprès de l'Union européenne, a été très clair concernant Taïwan : « S'il existe des évolutions, c'est seulement dans le fait que la volonté des Chinois de concrétiser la réunification complète de notre pays ne cesse de se renforcer. » Il a ensuite martelé : « Il semble que certains Européens sous-estiment les aspirations des Chinois à une telle réunification. » Rappelons-nous que dès le 3 janvier 2018, 7 000 soldats étaient rassemblés pour les vœux de Xi Jinping et que 4 000 sites militaires chinois étaient connectés pour écouter son discours. Ses paroles étaient là encore sans ambiguïté : « Ici, je donne mes ordres. L'armée, à tous les niveaux, doit renforcer l'entraînement militaire et se préparer à la guerre. Il faut imposer un esprit martial et ne pas avoir peur ni des épreuves, ni de la mort. »
Pour celles et ceux qui doutent encore, début octobre 2021, le ministre de la défense taïwanais, M. Chiu Kuo-cheng, avertissait que Pékin aurait les capacités pour mener une invasion à grande échelle de Taïwan d'ici à 2025. Pour Mathieu Duchâtel, expert de l'Asie à l'Institut Montaigne, « La Chine cherchera à tester la détermination américaine et taïwanaise à résister, tout en continuant à se préparer à la grande offensive. […] Elle ne peut y parvenir qu'en créant des situations de crise. » Il ne s'agit donc pas de faire de la surenchère, mais bien de renforcer nos capacités de dissuasion, car il ne faut pas non plus se tromper concernant les intentions de la République populaire de Chine à l'égard du reste du monde, afin d'imposer un nouvel ordre mondial et un nouveau modèle de société. Ce ne sont pas simplement deux puissances qui s'affrontent, qu'on le veuille ou non, mais bien deux modèles, dont l'un, qui fait froid dans le dos, a pour laboratoirele Xinjiang. Pourtant, la France et l'Union européenne persistent à mettre ces deux modèles au même niveau, tentant d'expliquer que le seul défi qui se présente à nous serait de ne dépendre ni de l'un ni de l'autre.
Comme le demande la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, n'ayons pas peur de résister au parti communiste chinois et de tracer nos lignes rouges. À travers le destin de Taïwan, c'est le nôtre que nous écrivons. Taïwan est un modèle de démocratie avancée, comme l'a souligné la plateforme Freedom House, et sur lequel nous devons prendre exemple. Tout ce qui peut renforcer la coopération pacifique avec Taïwan est bien sûr plus que vital.
Si le Sénat a déjà adopté une résolution similaire il y a quelques mois, il est plus que temps que l'Assemblée nationale le fasse à son tour. Non seulement c'est essentiel, mais cela ne peut être que la première étape d'un processus de résistance qu'il nous faut engager. Il y va de l'avenir de Taïwan, bien sûr, mais également de notre avenir à toutes et à tous. N'ayons pas peur de dire « je suis Taïwan ».