Le débat parlementaire demeure trop souvent attaché à des notions qui font trop souvent écho à nos histoires personnelles, à nos croyances ou au domaine de l'émotion, comme les fameux concepts de « projet parental » ou de « déconstruction sociologique du réel biologique ».
En 2001, le délai a été rallongé de dix à douze semaines. La raison invoquée était qu'entre 3 000 et 5 000 femmes ne pouvaient pas avoir recours à l'avortement dans les délais impartis. Vingt ans plus tard, vous faites le même constat, l'ordre de grandeur étant resté similaire alors même que le contexte, lui, ne l'est pas. La majorité propose ainsi, dans l'agenda parlementaire, le retour de la proposition de loi visant à allonger le délai d'interruption volontaire de grossesse de douze à quatorze semaines. Je doute qu'un allongement du délai éradique la souffrance des femmes concernées face à une décision difficile et très rarement prise à la légère : cela n'empêchera probablement pas la poignée de celles qui se rendent à l'étranger plus tardivement de continuer à le faire.
Ce sont 230 000 avortements qui ont lieu tous les ans en France. Sur les 750 000 grossesses annuelles, une sur trois est interrompue volontairement. Selon votre rapport, mesdames les rapporteures, entre 3 000 et 5 000 femmes dépasseraient le délai légal et seraient contraintes d'avorter à l'étranger. Mais selon la délégation aux droits des femmes et le CCNE, ce sont plutôt entre 1 500 et 2 000 femmes, estimation très inférieure à vos chiffres.