Une telle juxtaposition chronologique, certes un peu hâtive, n'a pas vertu à décréter quel est le bien ou le mal ; elle ne sert qu'à rappeler des faits historiques et contemporains. Concrètement, la présente loi permettra, sans geste invasif, de connaître encore plus facilement le sexe de l'enfant à naître. L'allongement du délai nous entraîne dans une démarche que je qualifierai de « sexo-sélective » ; en effet, à quatorze semaines, les futurs parents connaissent le sexe de l'enfant à naître, bien plus qu'au moment de la première échographie, possible théoriquement à partir de la onzième semaine. Voter en faveur de la présente proposition de loi peut donc potentiellement revenir à semer les germes d'une discrimination de genre, non d'ordre technologique mais qui serait à la portée de tous.
J'en viens à ma conclusion. Le moment de la grossesse ici considéré est celui auquel s'accomplit la transition entre embryon et fœtus. C'est le moment où l'enfant à naître est mis à hauteur de perception d'homme, à l'échelle macroscopique : l'individualité et l'altérité sont démasquées. Nos neurones miroirs reconnaissent une forme humaine, jusqu'à ses confins, tandis que les empreintes digitales elles-mêmes se précisent à cette période exacte du développement – des empreintes que nous ne pouvons certes que difficilement reconnaître à l'œil nu, mais qui nous permettent tout de même l'identification fine d'une seule individualité, même en utilisant des moyens techniques frustes.